Les autorités avaient tout prévu pour la venue de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, qui devait inaugurer le nouvel hôpital Couple-Enfants du CHU de Grenoble lundi 23 février. Mais voilà, le personnel en grève avait aussi prévu de l'accueillir. Du coup, comme par hasard, l'emploi du temps de la ministre est devenu « trop chargé » pour pouvoir se déplacer jusqu'à Grenoble. C'est qu'en effet treize services d'hospitalisation sont en grève, certains depuis le 15 janvier. Et dans beaucoup d'autres le personnel discute de s'y mettre à son tour, comme en Pédiatrie. Si le personnel gréviste est assigné et doit travailler, le CHU s'est couvert d'affiches pour que tout le monde soit bien averti. Les soignants de Traumatologie par exemple, dans une annonce humoristique, préviennent les skieurs que ce n'est pas vraiment le moment de se casser une jambe...

Car à l'hôpital, la charge de travail ne cesse d'augmenter. Le personnel est débordé, n'arrête pas de courir, obligé de mettre des lits dans les couloirs pour accueillir des patients, parfois très âgés, et y faire les soins. On imagine, après une nuit passée aux Urgences sans pouvoir éteindre la lumière, se retrouver dans un couloir, sans possibilité là non plus d'être dans la pénombre ou de pouvoir dormir, être déplacé pour des soins dans une chambre qui aura au préalable été libérée en sortant le patient pour le mettre à son tour dans le couloir (ou, ce qui est arrivé, dans un bureau). C'est pour dénoncer cela, et l'insécurité permanente que les malades subissent, que les soignants se sont mis en grève.

Alors, pour crier haut et fort leur colère face à ces conditions de travail et de soins, et leur opposition à la loi Bachelot, plus de 150 manifestants se sont retrouvés sur les lieux de l'inauguration... en se moquant de la frayeur de la ministre !