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- Lutte ouvrière n°2116
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Leur société
Le prétendu partage du profit : Sarkozy fait mine de proposer, le patronat dispose
Dans son discours du 5 février Sarkozy a dit qu'il souhaitait un partage du profit des entreprises en trois tiers : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l'investissement, un tiers pour les salariés sous forme d'intéressement ou de participation.
Sous l'apparence du gros bon sens et de l'équité, cette préférence présidentielle n'est une fois de plus que bavardages.
D'abord on peut constater que l'État actionnaire, unique, majoritaire ou important, d'entreprises qui font des bénéfices confortables, empoche les profits sans barguigner et qu'il se garde bien de montrer l'exemple en distribuant un tiers des bénéfices aux travailleurs d'EDF, de La Poste ou de la SNCF. Mais de plus il n'est pas question pour Sarkozy et autres d'exiger des patrons qu'ils versent une partie de leurs bénéfices aux travailleurs. Un gouvernement qui soutient le patronat antillais dans son refus d'augmenter les salaires ne risque pas de forcer un mastodonte capitaliste comme Total par exemple à partager ses quatorze milliards de profits !
Ensuite, cette mesure, même si Sarkozy y croyait lui-même et si elle recevait un commencement d'exécution, ne concernerait qu'une toute petite fraction des travailleurs. Elle ne vaudrait en effet que pour les entreprises qui font des profits et pour autant qu'elles les déclarent, laissant de côté l'immense majorité des travailleurs, ceux des petites entreprises, les précaires, les chômeurs, les retraités, les pensionnés. Quelle part, par exemple, des profits de Peugeot devrait donc revenir aux ouvriers des entreprises sous-traitantes qui font peu de profit et à ceux des sous-sous-traitants qui n'en font pas du tout ? Quelle part des profits accumulés sous forme de fortunes personnelles par les capitalistes devrait revenir aux travailleurs qu'ils ont licenciés ou estropiés ? Pour savoir cela il faudrait que les travailleurs eux-mêmes contrôlent les circuits de l'argent et de la production, connaissent les fortunes privées. Il est peu probable que cela fasse partie de la proposition de Sarkozy.
Tant que le patronat dirige la société sans contrôle, les travailleurs ne peuvent se fier qu'à leur salaire et pas à un hypothétique partage de bénéfices qu'ils n'ont aucun moyen de connaître. La protection du pouvoir d'achat implique non seulement l'augmentation immédiate des salaires, retraites et pensions mais leur indexation sur le coût de la vie.
Et c'est là que la petite musique de Sarkozy sonne le plus faux. Car il est hors de question pour lui d'augmenter les salaires en général et le smic en particulier. Au contraire même, il continue encore et toujours à vouloir diminuer cette part des salaires que constituent les cotisations sociales patronales. Preuve s'il en fallait que ce qui le préoccupe vraiment est de défendre les profits patronaux, lesquels sont justement assis sur la baisse constante de la masse salariale.
Mais le mot de la fin revient à Laurence Parisot, présidente du Medef, qui a laissé parler son coeur de patronne et ses tripes de possédante. Le partage du profit, a-t-elle déclaré, est « quelque chose qui touche à un principe essentiel qui est le droit de propriété. Seul l'actionnaire peut décider du montant des dividendes ». Pour les patrons, Sarkozy peut bavarder sur ce qu'il veut, mais pas sur ce sujet.