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Leur société
Justice : Traitement de faveur pour Marchiani
Jean-Charles Marchiani est sorti de prison lundi 16 février grâce à une remise de peine de six mois décidée par Sarkozy. Il était incarcéré depuis mai 2008 pour avoir touché, dans les années 1990, des commissions sur le marché du tri des bagages à Roissy ainsi que sur la vente aux Émirats Arabes Unis de boîtes de vitesses pour les chars Leclerc.
Mais Marchiani est aussi impliqué dans « l'Angolagate », dont le procès se déroule actuellement. Pour cette affaire de trafic d'armes, le procureur de la République a requis à son encontre trois ans d'emprisonnement, dont dix-huit mois ferme, cela quelques jours avant sa sortie de prison.
En attendant donc une éventuelle réincarcération, c'est un traitement de faveur que lui accorde Sarkozy, en comparaison du sort du commun des détenus. La raison invoquée est le rôle qu'il a joué en 1988 pour obtenir la libération de français pris en otages au Liban. Mais de toute façon, cela n'est pas surprenant : les « serviteurs » de l'État ont toujours su s'attirer la bienveillance de leurs pairs lorsqu'ils se font pincer par la justice. Bien des hommes politiques ou des hauts fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption, de l'affaire Elf à celle des marchés publics d'Ile-de-France, etc., n'ont pas eu leur vie ni parfois même leur carrière brisée par les verdicts de la justice.
Or, Marchiani a derrière lui une belle carrière de haut fonctionnaire, voire d'exécuteur des basses oeuvres de l'État. D'abord dans les services secrets à la fin des années 1960, il a été au côté de Pasqua - dont on dit qu'il est l'ami personnel - à chacun de ses passages au ministère de l'Intérieur, entre 1986 et 1988, puis entre 1993 et 1995 ; il devint en 1997 secrétaire général de la zone de Défense de Paris, avant d'être élu député européen sur les listes Pasqua-Villiers. Marchiani a mis son savoir-faire au service d'entreprises privées, toujours dans le domaine de la sécurité : chez Peugeot, à Air France et enfin chez Thomson.
Toute cette besogne abattue pendant des années par Marchiani au service de l'État et de grandes entreprises méritait bien une petite récompense... avant un éventuel retour derrière les barreaux de ce détenu « méritant », ce qui lui permettrait, pourquoi pas, d'être une deuxième fois touché par la grâce.