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- Lutte ouvrière n°2115
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Dans les entreprises
JPM et Potain - Moulins (Allier) : Ils font des profits et licencient
Un plan de 180 suppressions d'emplois (sur 370) est engagé à l'usine de Moulins de JPM (serrures), qui fait partie du groupe leader mondial des systèmes de fermetures et des équipements de portes, le fonds de pension suédois Assa Abloy.
En juillet 2008, celui-ci avait prévu un plan de mille suppressions d'emplois dans le monde, avec la fermeture de quinze unités de production, qui s'ajoutait à un plan précédent de 2 000 licenciements. Le 16 janvier dernier, 800 étaient ajoutés, la crise financière tombant à pic pour servir de mauvaise excuse.
En juillet 2008, l'usine de Moulins avait récupéré la production de l'usine Keso de Saint-Barthélémy-d'Anjou, rachetée et fermée par Assa Abloy avec 33 suppressions d'emplois. La production ayant augmenté, 65 intérimaires étaient embauchés, alors que dans le même temps 90 emplois étaient supprimés. Le regroupement de JPM et Keso entrait dans le cadre d'une réorganisation générale de la production, où l'usine de Moulins se transformait en une simple usine de montage, sans aucune fabrication. Un nouveau directeur arrivait pour la mettre en place et un nouveau plan de 90 licenciements était annoncé.
Le groupe Assa Abloy, qui a acquis 17 nouvelles compagnies en 2007, a eu, toujours en 2007, un taux de rentabilité de 18,4 %, les résultats du groupe étaient excellents et même historiques.
De son côté, l'usine Potain qui fabrique des grues appartient au groupe américain Manitiwoc, leader mondial qui avait un résultat net de 448,4 millions de dollars en septembre 2008, en augmentation de 31 % par rapport à septembre 2007. À partir de début décembre, tous les intérimaires étaient licenciés, soit 228 pour tout le groupe, et il fallait prendre les congés et les RTT. Deux à trois semaines de chômage partiel à tour de rôle étaient annoncées du 6 janvier au 13 février 2009. Et le 15 janvier la direction de Manitowoc France décidait 358 licenciements, dont 104 à Moulins (sur 481), 132 à Charlieu dans la Loire (sur 403), 82 à La Clayette en Saône-et-Loire (sur 328) et 40 dans les services centraux, les services de pièces de rechange et les services après vente.
Le groupe Manitowoc regorge d'argent et les syndicalistes ont calculé qu'avec les bénéfices 2007 et 2008 de Manitowoc France tous les ouvriers pouvaient être mis en vacances pendant deux ans, tout en touchant leur paye !
Alors le 4 février, lors d'une manifestation à Ecully dans le Rhône, où se trouve le siège social de Manitowoc, quinze bus et plus de 600 ouvriers des différentes usines se sont retrouvés ensemble pour manifester leur colère. Et comme nous n'étions pas venus « pour manger une tranche de pâté et passer l'après-midi ensemble », le siège administratif a été bombardé d'oeufs et de canettes, personne ne voulant bouger tant que le directeur général n'était pas venu s'expliquer. Pas très à l'aise, il a fini par arriver, mais pour confirmer les licenciements et le chômage partiel jusqu'en 2010.
La situation est difficile pour les travailleurs mais, comme le disait l'un d'eux : « Nos patrons sont trop gourmands. J'ai toujours fait grève pour défendre notre bifteck et nos conditions de vie. Je ne m'arrêterai pas aujourd'hui. »