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- Lutte ouvrière n°2115
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Chantiers navals STX Europe (ex-Chantiers de l'Atlantique) : En grève pour le paiement à 100 % des jours chômés
Est-ce l'enthousiasme, suite à l'ampleur de la manifestation du 29 janvier, qui a créé une certaine ambiance ? En tout cas, de retour dans les ateliers, le moral des travailleurs avait subitement pris des couleurs et les discussions allaient bon train, chacun étant de plus en plus convaincu qu'il fallait refuser de se laisser amputer le salaire de 40 % ! Et tant qu'à faire, mieux valait réagir collectivement et sans tarder, avant de se retrouver isolés avec la fermeture complète des ateliers.
L'idée que le patron a les moyens de payer à 100 % les jours chômés a ainsi fait son chemin, d'autant que, pour l'annulation de la commande du paquebot, la direction des Chantiers doit toucher de l'armateur des indemnités se montant au minimum à 100 millions d'euros. Une partie infime (au plus 3 %) de cette somme pourrait suffire à maintenir les salaires. Alors, quand la direction se dit « loin d'être bénéficiaire » avec ces indemnités, tout le monde en rit, car les matériaux de ce paquebot sont transférés, en grande partie, sur celui qui suit.
Depuis le 3 février, avec le soutien de la CGT, la grève est largement suivie dans les trois ateliers concernés et s'est étendue à certains autres secteurs. Des barrages filtrants sont organisés à différentes portes du chantier, avec distribution de tracts, non seulement par les militants, mais par les grévistes eux-mêmes. Dès l'embauche du matin, des dizaines de grévistes, rejoints progressivement par quelques centaines d'autres, sont là pour s'adresser aux milliers de salariés travaillant sur le site, recevant un accueil très chaleureux.
Tout le monde se sent concerné à courte ou moyenne échéance par le chômage partiel, les licenciements et les dépôts de bilan. C'est pourquoi le sentiment est partagé que tous les travailleurs sont dans la même galère, que les patrons petits ou gros ont fait de l'argent tant et plus toutes ces dernières années, au détriment des conditions de travail et des salaires. Donc, ils peuvent payer !
Beaucoup de travailleurs tiennent à montrer leur solidarité, un certain nombre en débrayant pour venir aux prises de parole organisées par la CGT. Les grévistes, qui pour un certain nombre participent à leur première grève, ont le moral et tiennent bon, malgré les pressions de la direction.