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Leur société
Prisons : L'augmentation des suicides
Lors de l'inauguration le 19 janvier d'une nouvelle prison à Roanne, dans la Loire, le Premier ministre Fillon a déploré, en s'adressant au personnel pénitentiaire, la " forte augmentation des suicides " qualifiée de " défi douloureux qui nous est collectivement lancé ".
C'était le 19 janvier. Ce jour-là, l'administration pénitentiaire comptabilisait douze suicides depuis le 1er janvier 2009. Mais ce nombre est contesté par des organisations qui s'occupent des détenus. Pour elles, il y aurait plutôt eu seize morts, car il y a des " morts suspectes " dont l'administration ne tient pas compte. Et lorsqu'un prisonnier absorbe une surdose de médicaments et qu'il meurt ensuite à l'hôpital, ce n'est pas forcément considéré comme un suicide en prison.
Quoi qu'il en soit, en 2008, il y avait eu officiellement 115 suicides, soit à peu près un tous les trois jours. Et depuis le 1er janvier, même si on ne tient compte que du nombre de suicides officiellement reconnus, la cadence est bien partie pour doubler !
La ministre de la Justice, au courant du problème, a commandé un rapport sur la question et le directeur de l'administration pénitentiaire assure avoir envoyé aux directeurs d'établissements une liste de " mesures de vigilances " pour intensifier la détection des détenus à risques. Autant de mesures qui ne sont que poudre aux yeux car, si on se suicide tant dans les prisons françaises, c'est bien parce que les détenus sont dans une situation de désespoir. Les conditions matérielles, dont la surpopulation tant dénoncée, sont souvent terribles et quasiment rien n'est fait pour les préparer à se réinsérer.
Selon les statistiques du Conseil de l'Europe, le taux de suicides dans les prisons en France est le plus élevé du Vieux Continent, largement plus que ses voisins, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, par exemple. Il y a donc bien un énorme problème... que les autorités sont décidées à traiter à coups de discours occasionnels, de rapports finissant dans des tiroirs et de commissions qui discuteront pour rien. Autrement dit, un problème qui ne pourra que s'aggraver.