Bon nombre de gens font preuve de cette solidarité vis-à-vis de leurs proches et de leur voisinage, non seulement depuis que des températures très basses se sont installées mais aussi en temps ordinaire, et cela sans attendre les conseils du gouvernement. Ce genre de leçon n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle adressée à la population en 2003, quand des milliers de gens âgés mouraient faute d'équipements et de personnel soignant en nombre suffisant pour faire face à une vague de chaleur. Le gouvernement critiquait alors l'indifférence de l'entourage des personnes âgées, alors que c'était d'abord et avant tout sa propre indifférence qui était responsable des 15 000 morts de la canicule.

Le secrétaire national de l'UMP chargé de la santé et chef des Urgences à l'hôpital Beaujon, Philippe Juvin, vient de déclarer : " Il ne s'agit pas de sonner le tocsin, mais, pour une fois, d'agir très en amont et de faire de la vraie prévention.>" C'est là une façon de resservir le même couplet culpabilisateur, comme si la vraie prévention ne reposait que sur les gestes de solidarité de la population. Mais alors, à quoi ont été employés les milliards d'euros prélevés par l'État à l'occasion de la journée de solidarité, cette journée de travail non payée pour les salariés, instaurée en 2006 par le gouvernement Chirac pour officiellement financer des améliorations dans les conditions de vie des personnes âgées ?

L'isolement et le manque de moyens qui touchent les personnes âgées se sont même aggravés avec l'augmentation des frais médicaux laissés à la charge des malades. Comme le souligne Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées, " la situation critique de nombre de nos aînés ne fait que révéler l'insuffisance des politiques publiques les concernant. Beaucoup sont peu aidés, et certains sont totalement isolés et vivent dans des situations inacceptables chez eux. " Ce n'est pas seulement des circonstances climatiques que souffrent et parfois meurent nos aînés, mais du dénuement financier et de l'insuffisance de personnel et de lieux d'accueil et de soins.

Le gouvernement est avant tout préoccupé de rogner sur le service de santé. Quant à la vie et au bien-être des personnes âgées, il s'en dégage sur la population, la rendant responsable de sa propre incurie.