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Leur société
La neige a immobilisé Marseille : En haut lieu, on a attendu qu'elle fonde...
Marseille couverte d'un épais manteau de neige en trois heures, c'était certes surprenant. Et tous en furent surpris y compris tous les services, municipaux, départementaux et autres.
La ville et le département sont paralysés
Mercredi 7 et jeudi 8 janvier, la ville et le département ont été paralysés durant un jour et demi.
Les quelques bus sortis en début de matinée furent immobilisés quelque part en ville. Le tramway dut être interrompu comme le métro dans les parties aériennes de ses lignes. Les voitures patinaient, se mettaient en travers, achevant de bloquer les rues.
Sur les autoroutes, les camions avaient été stockés, mais les voitures se retrouvaient immobilisées dans la neige qui montait. L'aéroport de Marignane était arrêté et isolé. Les trains non plus ne circulaient plus.
Les hôpitaux devinrent inaccessibles, surtout l'hôpital Nord qui est situé en haut d'une colline aux accès abrupts. Ainsi les médecins, infirmiers ou aides-soignants ne parvenaient plus à atteindre l'hôpital. Pas plus que les patients d'ailleurs.
Le personnel qui se trouvait dans les hôpitaux fut réquisitionné, travaillant jusqu'à 36 heures, dormant sur place.
Au total, dans le département, 2 600 personnes furent hébergées dans la nuit de mercredi à jeudi, dont 1 000 à l'aérogare et 120 en gare Saint-Charles dans des rames de train chauffées. 17 000 foyers étaient privés d'électricité mercredi.
Une désorganisation générale des services publics
Le temps passait mais on ne voyait venir ni véhicule pour saler et déneiger, ni employés des services municipaux, départementaux, ni de l'État. Quant aux chasse-neige et autres tractopelles munies de lames ou de quoi que ce soit qui puisse pousser la neige sur les bas-côtés, ils furent extrêmement rares sur les routes et autoroutes, pratiquement invisibles à Marseille. Les cantonniers se retrouvaient équipés de balais pour dégager trente centimètres de neige tassée.
À la RTM (Régie des transports de Marseille), pour dégager les rails enneigés, les volontaires ne furent même pas équipés de pelles, ni de bottes ou de doudounes. Il n'y avait rien de tout cela en magasin, sans doute par souci d'économies. Ce sont les chaudronniers de l'entreprise qui durent fabriquer des instruments pour gratter la neige.
Les aiguillages des chemins de fer étaient aussi bloqués par la neige. Comme le firent remarquer des syndicalistes, il n'y avait plus les bonbonnes de gaz et les brûleurs qui permettent de déneiger les aiguilles.
Qu'ils émanent de la Préfecture, de la Mairie, du Département, de la Communauté de communes, de la Région, ordres et contre-ordres se sont succédé. Ainsi les agents municipaux recevaient un mail leur demandant de rentrer chez eux, suivi, quarante minutes plus tard d'un autre mail précisant que le précédent ne concernait pas le personnel d'intervention. La Communauté urbaine attendait 18 h 30 le mercredi pour engager son plan Neigel.
Les présidents de ces instances, de gauche et de droite, affirment avoir fait, ensemble, tout ce qu'il était possible de faire. Gaudin, sénateur-maire de Marseille, explique qu'il ne va pas acheter des chasse-neige qui ne serviront qu'une fois tous les vingt ans, mais il y a bien des interventions moins coûteuses qui auraient été utiles, des indications et des consignes qui auraient pu être données. Les accès de l'hôpital Nord auraient bien pu être dégagés, fût-ce à la pelle, ou par un tracteur équipés d'une lame.
Un syndicaliste remarque que l'on a " fait disparaître les baraques des cantonniers ". Du sel y était entreposé, qui aurait été bien utile dans les différents quartiers. De même, un autre expliquait que, du fait de la politique d'économie à tout prix, EDF ne faisait plus élaguer les arbres au-dessus des fils électriques et délaissait l'entretien des poteaux.
Manifestement, pour ceux qui se disent responsables, il était surtout urgent d'attendre le dégel qui ne pouvait tarder.
Le lendemain jeudi, crèches et écoles étaient fermées et bien des rues encore non utilisables en dehors du centre-ville. Seuls quelques grands axes enfin salés, mais pas les trottoirs, permettaient la circulation des bus.
Mais quand le Premier ministre, Fillon, envoie une mission pour enquêter sur tant d'incapacité, Gaudin a beau jeu de le renvoyer à l'inaction des services de l'État. En effet celui-ci fut le grand absent du fait, entre autres, de la suppression de l'ancienne DDE, dont les services auraient été les bienvenus.