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Dans le monde
Guerre à Gaza : Choisir son camp
En revanche, ils ont donné l'occasion à certains défenseurs de la politique de l'État d'Israël de sonner le rappel en direction de l'opinion publique en général et de la communauté juive en particulier. Aux condamnations légitimes de tels actes se sont ajoutés des commentaires qui révèlent leur sens très particulier de la liberté d'expression. Ainsi le président du Bureau de vigilance contre l'antisémitisme, Sammy Ghozlan, a accusé le maire de Saint-Denis d'avoir une part de responsabilité dans l'agression contre la synagogue, puisque la mairie avait organisé une manifestation de soutien aux Palestiniens le jeudi précédent, manifestation que le même Sammy Ghozlan avait demandé au préfet de Seine-Saint-Denis d'interdire. Pour qu'on n'entende plus que la voix des sionistes, il serait tellement plus simple de faire taire ceux qui protestent contre le massacre des civils palestiniens !
Le gouvernement, relayé par les médias, en appelle, lui, à ne pas " importer en France " un conflit extérieur, pour éviter l'engrenage de la violence. L'UMP, de son côté, a mis en garde les responsables politiques " qui jouent aux apprentis sorciers en prenant fait et cause pour tel ou tel camp ".
Voilà qui est clair : prendre parti, choisir son camp, ce serait prendre le risque de déclencher la violence... du moins quand on est solidaire du peuple palestinien. Le gouvernement est parfaitement hypocrite : malgré ses discours sur la paix au Proche-Orient, il est, de fait, du côté de l'État israélien dont il justifie la violence terroriste comme nécessaire à la protection de sa population. Au nom du refus de la violence, le gouvernement veut en réalité stigmatiser ceux qui protestent contre la politique israélienne et leur faire porter la responsabilité d'éventuels dérapages. Dans la foulée, il appelle à la rescousse tous les rabbins, imams et curés, soi-disant pour calmer le jeu, les présentant comme les interlocuteurs privilégiés des diverses communautés.
Eh bien non, on ne peut pas renvoyer dos à dos les Palestiniens et le gouvernement israélien. On ne peut pas tirer un trait d'égalité entre un peuple opprimé, privé d'existence nationale depuis des dizaines d'années, et ses oppresseurs, qui imposent un blocus criminel, insupportable, à toute une population enfermée dans la bande de Gaza. Le gouvernement israélien dit répondre aux menaces du Hamas. Mais outre le fait que ce n'est pas le Hamas qui a rompu la trêve, outre le fait que ses armes sont infiniment moins destructrices que celles de l'armée israélienne, la guerre se fait ici plus contre les civils que contre cette organisation avec laquelle Israël finira sans doute par composer car, comme le dit un historien militaire israélien : " Nous n'avons pas intérêt à détruire le Hamas. Il faut bien quelqu'un à qui rendre les clefs une fois que tout est terminé. Et un gouvernement hostile comme le Hamas est préférable à l'anarchie. "
La guerre, elle se mène contre le peuple palestinien plus que contre une organisation, nationaliste et religieuse, dont il n'a rien de bon à attendre. Elle se mène pour le briser, pour l'empêcher d'avoir un pays au lieu d'une prison. C'est pour cela que, quels que soient les dirigeants qu'ils se sont choisis pour le moment - et encore dans quelle mesure ? - il faut soutenir le droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes.