Rio Tinto : Pour sauver les dividendes, 14 000 emplois seraient sacrifiés !07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Rio Tinto : Pour sauver les dividendes, 14 000 emplois seraient sacrifiés !

Le groupe anglo-australien Rio Tinto a annoncé 14 000 suppressions d'emplois. Avec 97 000 salariés sous contrat, Rio Tinto est très présent partout dans le monde, dans les gisements miniers et dans l'aluminium, avec le rachat du groupe canadien Alcan, qui avait acheté lui-même Pechiney.

Depuis plusieurs années, l'envolée du cours des matières premières dans les minerais et sur l'aluminium - ce dernier passant de moins de 2 000 dollars la tonne à plus de 3 200 dollars - ont permis aux capitalistes d'engranger des super-profits. Rio Tinto prévoyait un bel avenir et en a profité pour s'emparer d'Alcan en s'endettant pour 38 milliards de dollars.

Afin de diminuer son endettement, Rio Tinto a mis en vente depuis 18 mois le secteur de l'Emballage, qui représente 13 000 salariés en Europe, et les Produits usinés, avec les sites de Rhénalu.

Des profits énormes sont au rendez-vous. En 2007, Rio Tinto a réalisé un bénéfice de plus de 12,6 milliards de dollars. Au troisième trimestre 2008, le bénéfice s'élève à 8 milliards et, depuis plusieurs années, les actionnaires perçoivent des milliards de dividendes. Dans cette frénésie de hausse des cours, le géant mondial minier BHP Billiton a déclenché à son tour une OPA, une offre publique d'achat, sur Rio Tinto pour 140 milliards de dollars, une des plus énormes de l'histoire de la finance.

Mais la fièvre spéculative sur les prix et la course au profit maximum des multinationales a plongé le monde dans une grave crise de production. Et patatras, les actions de Rio Tinto ont dégringolé de 70 %, les cours des matières premières ont fortement chuté et le cours de l'aluminium, de 3 200 dollars la tonne en juillet 2008, est aujourd'hui à 1 500 dollars.

Avec les arrêts de production dans l'automobile, le bâtiment en berne et la consommation en baisse, les commandes chutent et les stocks augmentent. Dans ce contexte de récession, BHP Billiton a renoncé à son OPA sur Rio Tinto par crainte de déboires financiers.

Dans un avenir proche, des profits aussi élevés risquent de ne plus être au rendez-vous et Rio Tinto a décidé de prendre les devants avec la suppression de 14 000 emplois. Comme le dit le communiqué de la direction, « cette décision vise à maintenir la valeur pour les actionnaires, réduire l'endettement et améliorer la trésorerie » ! 5 500 travailleurs embauchés chez Rio Tinto, 6 % de l'effectif, et aussi 8 500 CDD, intérimaires et sous-traitants risquent de perdre leur travail. Ils seraient sacrifiés pour sauver les dividendes des actionnaires, qui ont la garantie de la direction générale de toucher un dividende au même niveau qu'en 2007. En jetant à la rue 14 000 salariés, la direction veut réduire ses coûts de 1,2 milliard de dollars, qui iront dans la poche des actionnaires ! Ils sont responsables de la crise et c'est nous qui devrions en faire les frais, c'est vraiment un scandale.

Pour le moment, nous ne connaissons pas les pays et les sites concernés par ces suppressions d'emplois. La direction a décidé des arrêts de production un peu partout dans le monde. En France, dans les usines d'aluminium primaire de Saint-Jean-de-Maurienne et de Dunkerque, plus de 10 % des cuves d'électrolyse sont à l'arrêt. Dans ces conditions, les intérimaires et les sous-traitants sont les premières victimes et plusieurs d'entre eux vont pointer à l'Assedic.

À Aluminium Dunkerque, la CGT a organisé des prises de parole avec la présence massive des opérateurs et aussi d'agents de maîtrise pour dénoncer les suppressions d'emplois et exprimer notre refus de payer les pots cassés. Il faut se préparer à des luttes, à Aluminium Dunkerque, dans Rio Tinto et dans tout le pays, pour que les profits présents et passés servent à maintenir les emplois de tous.

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