Retraites : Ce n'est pas la fête des mères30/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2109.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Ce n'est pas la fête des mères

Un nouveau mauvais coup est en préparation contre les retraites. Cette fois, ce sont les femmes qui sont tout spécialement menacées, si l'on en juge par le dernier rapport du COR (Conseil d'orientation des retraites).

Le COR, qui regroupe des représentants du patronat, des centrales syndicales, des parlementaires et des « experts », est un organisme dont les « recommandations » sont en général reprises par le gouvernement. Or, le COR vient de recommander de réduire de moitié la majoration d'annuités d'assurance-vieillesse dont bénéficiaient jusqu'à présent les mères de famille. Cette majoration, qui est de deux ans par enfant, tomberait à un an.

Bien sûr, le COR ajoute qu'il faudra compenser cette perte par une revalorisation des pensions féminines concernées, qui est présentée comme pouvant aller de 100 à 500 euros par enfant. Le tout, précise le COR, « à enveloppe budgétaire constante ». Vu l'inflation, c'est déjà un recul. Et puis, que restera-t-il de cette prétendue revalorisation dans trois ou cinq ans, si elle reste d'un montant « constant » ou même si elle est revalorisée au rythme du reste des pensions, un rythme qui ne suit pas, loin de là, la hausse des prix ?

Ainsi, non seulement il n'est pas question que cela coûte un sou aux pouvoirs publics, mais ce tour de passe-passe est d'abord destiné à faire des économies au détriment des retraitées ayant eu des enfants.

D'ailleurs, les auteurs de ce projet l'avouent à leur façon quand ils affirment qu'il fallait « réformer » le système actuel, qu'ils décrivent comme « trop onéreux », puisqu'il représenterait, selon eux, « 8 % des dépenses de retraite et 20 % de toutes les dépenses de redistribution en faveur des familles ». Un argumentaire que les médias ont largement repris, évidemment !

En fait, cette « recommandation » du COR est comme toutes les prétendues « réformes » des retraites qui n'ont qu'un seul but : obliger les salarié(e)s à travailler plus longtemps pour des pensions dont le pouvoir d'achat, sinon le montant affiché, ne cesse de régresser.

Avec en prime, cette fois, le cynisme de ceux qui ont le culot d'invoquer l'égalité hommes-femmes pour justifier ce mauvais coup. Dans son rapport, en effet, le COR affirme que le système actuel « n'est pas forcément l'instrument le mieux adapté » pour compenser les écarts de salaire, et par conséquent de pensions, entre hommes et femmes. Certes. Mais les pensions féminines sont, en moyenne, de 40 % inférieures aux retraites masculines, déjà pas bien élevées. Cette situation est due à la fois à l'inégalité persistante dont pâtissent les femmes en tant que salariées, mais aussi au fait que de nombreuses femmes, qui se sont arrêtées pour élever leurs enfants ou qui n'ont pas retrouvé de travail après une naissance, n'ont pas, à 60 et même à 65 ans, le nombre requis d'annuités de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein.

Diviser par deux leur bonification d'annuités par enfant ne peut avoir qu'un effet : aggraver encore les conditions de retraite faites aux femmes, alors même qu'elles sont déjà les plus pénalisées des salariés.

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