Dans son dernier numéro, le mensuel trotskyste Le pouvoir aux travailleurs, organe de l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI), dénonce le rôle de gendarme de l'Europe joué par le colonel Kadhafi, en Libye, qui expulse manu-militari les travailleurs d'Afrique noire, notamment maliens.

Au début du mois de novembre, les autorités libyennes ont procédé à des expulsions massives d'étrangers, notamment des immigrés venant de l'Afrique subsaharienne. Combien de personnes ont subi un tel sort ? Ce qui est sûr, c'est l'arrivée à l'aéroport de Bamako (capitale du Mali) de 420 personnes en provenance de Tripoli dans des conditions lamentables et révoltantes. Certes, elles ne sont pas arrivées enchaînées comme l'ont été celles qui, à maintes reprises, étaient victimes de maltraîtance de la part de la police française. Mais leur état à l'arrivée était peu différent, avec des habits souvent déchirés. Certains étaient pieds nus. La plupart des travailleurs avaient perdu tout ce qu'ils possédaient. La vie dans les villes de Libye est très dure pour les travailleurs immigrés d'Afrique noire avec tout d'abord le racisme quotidien de la part de la population arabe, que ce soit au travail ou dans les quartiers. (...) En attendant de pouvoir passer en Europe, ils travaillent « au noir ». Autant dire que les patrons qui les embauchent ne le font qu'en payant des salaires de misère, et en plus ils ne les paient pas régulièrement.

L'arrivée de ces travailleurs à Bamako a suscité l'indignation de beaucoup de gens. Ils n'arrivaient pas à comprendre que la police de Kadhafi, un dirigeant musulman, puisse agir de la sorte. D'autant que c'est son État qui fait construire des mosquées dans la plupart des pays de l'Afrique de l'ouest dont la population est musulmane en majorité. En fait Kadhafi n'entretient pas seulement de bonnes relations avec les dirigeants des États africains comme le Mali, le Sénégal et le Burkina-Faso. Il s'est également mis à la disposition des États de l'Union européenne pour contrôler l'immigration clandestine, créant des prisons pour tous les pauvres cherchant à entrer en Europe. Kadhafi est devenu l'exécutant des sales travaux commandés par les pays capitalistes. Et il le fait en toute impunité. À tel point que, quand les expulsés sont arrivés à Bamako, les autorités maliennes n'ont pas dit un mot, ne serait-ce que pour faire semblant de protester.