Hôpitaux : Les restrictions imposées par le gouvernement sont criminelles !30/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2109.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : Les restrictions imposées par le gouvernement sont criminelles !

Il aura fallu que l'Association des médecins urgentistes révèle le scandale pour qu'on apprenne qu'un homme de 56 ans, pris en charge par le Samu en région parisienne pour un malaise cardiaque grave, a dû attendre six heures pour qu'un des 27 hôpitaux capables de pratiquer la coronarographie que son état exigeait, puisse le prendre en charge : il est décédé avant que cette intervention puisse être pratiquée.

L'ensemble des services d'urgences des hôpitaux publics manquent en permanence de médecins, d'infirmières, d'aides soignantes, et de moyens. Les réanimations cardiologiques, qui sont directement concernées par cette affaire, sont dans le même état de pénurie. Cette saturation permanente est évidemment aggravée pendant les fêtes, mais aussi la nuit, et les jours de fin de semaine. Comme si les accidents graves de santé ne se produisaient pas pendant ces périodes.

Cette situation est dénoncée régulièrement par les syndicats de médecins et du personnel des hôpitaux publics. Une nouvelle grève des médecins urgentistes a démarré depuis décembre. Et ce décès vient de confirmer la réalité des problèmes qu'ils soulèvent. Le gouvernement le sait donc, et non seulement il ne fait rien pour y remédier, mais toute sa politique consiste à aggraver les choses de jour en jour.

Toute honte bue, la ministre de la Santé, Bachelot, ose affirmer que c'est simplement un problème d'organisation et qu'il y avait des places libres en réanimation ce soir-là. Dans le monde virtuel du ministère, peut-être. Dans la réalité c'est moins sûr ! Mais en outre elle oublie de dire que ce malade avait besoin d'être hospitalisé dans un hôpital disposant à la fois d'un service de réanimation et d'un service capable de pratiquer une radiographie des artères coronaires, et qu'il n'y avait aucune place pour répondre à ce besoin. Quant à affirmer que dans les services de réanimation les effectifs correspondent aux normes, c'est généralement vrai... pour la bonne raison qu'on y ferme des lits pour respecter ces normes.

La majeure partie des hôpitaux publics du pays est en ce moment soumise à des plans qui visent à réduire massivement le personnel et évidemment pas à les doter des équipements modernes qui seraient nécessaires.

Ainsi, s'il a fallu six heures pour trouver une place en région parisienne pour admettre un malade qui avait besoin d'une urgence vitale, en province la situation est encore pire. Car dans des départements entiers, dans des parties de régions regroupant des centaines de milliers d'habitants, les hôpitaux ne possèdent aucun des services permettant les interventions vitales lourdes, par exemple en matière cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou de chirurgie d'urgence. Le seul équipement qui y existe, y compris dans des secteurs très peuplés est, au mieux, l'hélicoptère, permettant de diriger, à des dizaines de kilomètres et souvent plus de cent, le malade dans des services adéquats, si ceux-ci ont de la place.

Même ainsi l'hôpital public continue à rendre des services que n'assurent pas les hôpitaux et cliniques privés à but lucratif, pourtant si choyés par nos gouvernants, parce que ceux-ci n'assurent que les examens, les soins et les opérations qui leur rapportent du profit. Mais il reste néanmoins que dans une grande partie du pays, pour des millions de personnes, il y a un véritable désert sanitaire, où l'on attend depuis des années, parfois plus de dix ans, les équipements nécessaires et les soignants pour les faire fonctionner. Alors, pour un scandale dénoncé publiquement, combien de gens meurent en France dans le silence, chaque année, faute d'avoir pu recevoir les soins requis, par suite de ces restrictions organisées par les représentants du pouvoir ?

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