L'état-major de l'armée américaine annonce l'arrivée de 20 000 à 30 000 nouveaux soldats en Afghanistan d'ici quelques mois. Cela doublera l'effectif américain et portera à environ 100 000 hommes le contingent d'occupation.

Ces troupes supplémentaires ne régleront évidemment rien. L'insurrection en cours en Afghanistan semble gagner de plus en plus de terrain. Sept ans après l'intervention des troupes impérialistes coalisées censée mettre fin à la dictature des Talibans et restaurer une démocratie qui n'avait jamais existé, le pays est toujours à feu et à sang. La population, une des plus pauvres du monde, est livrée aux trafiquants de drogue, aux seigneurs de guerre dans les différentes régions et à un pouvoir corrompu qui ne contrôle plus que quelques quartiers centraux de la capitale. La région de Kaboul, que les soldats français sont censés contrôler, est désormais considérée comme « peu sûre ». Au sud, les troupes britanniques, canadiennes et néerlandaises ont subi des revers importants. 2008 sera l'année où les troupes d'occupation auront subi le plus de pertes. Et c'est sans compter les morts civils, qui n'intéressent pas les états-majors des troupes d'occupation et fort peu les journalistes, victimes des bombardements aveugles et des exactions auxquelles se livrent les troupes étrangères, les mercenaires de tous pays et les forces du gouvernement afghan.

Signe supplémentaire de l'aggravation de la situation, c'est le ravitaillement des troupes qui pose désormais problème. Il se fait aux trois quarts par camion, en empruntant la passe de Khyber qui mène au Pakistan. Mais c'est maintenant dans le nord-ouest de ce pays, les « zones tribales », que les convois se font attaquer. Les conducteurs pakistanais rechignent désormais à servir de cibles pour ravitailler les armées étrangères. Et le fait que l'armée américaine multiplie les bombardements et les incursions dans cette région du Pakistan ne va pas arranger les choses, au contraire. La guerre s'étend ainsi aux régions pakistanaises limitrophes de l'Afghanistan.

Le gouvernement afghan dévoué aux Américains, dirigé par Hamid Karzaï, en fait ne gouverne rien. Les responsables américains en sont à chercher à attirer à eux les seigneurs de guerre qui font régner la terreur dans les différentes régions, prêts à se vendre au plus offrant, trafiquant le pavot ou servant la « démocratie », du moment qu'ils sont maîtres chez eux.

Mais, de toutes les bandes armées qui saignent et terrorisent le peuple afghan, la plus honnie sera toujours, logiquement, la plus puissante, celle qui possède les avions, les chars et les camps inaccessibles où les envahisseurs disposent de tout, c'est-à-dire l'armée de l'occupant étranger. Loin d'apporter la paix et le progrès au peuple afghan, l'intervention des troupes occidentales ne fait que pousser la population dans les bras des groupes les plus rétrogrades, lorsqu'elle ne favorise pas directement ces derniers.

Chaque soldat occidental supplémentaire enfonce un peu plus cette région dans la barbarie.

Obama, qui a dit et répété que la guerre en Afghanistan était une « guerre juste » et qu'il en faisait sa priorité, non seulement a approuvé l'envoi de soldats supplémentaires mais il s'apprête, une fois en poste, à demander à ses alliés dans cette aventure criminelle, dont la France, d'intensifier eux aussi leur effort de guerre.

C'est le retrait de toutes les troupes d'occupation, à commencer par les troupes françaises, qu'il faut exiger.