- Accueil
- Lutte ouvrière n°2108
- Les maisons à 15 euros par jour : Rien à voir avec le logement social
Leur société
Les maisons à 15 euros par jour : Rien à voir avec le logement social
Christine Boutin, la ministre du Logement, avait déclaré en avril dernier que 5 000 maisons à 15 euros par jour seraient construites en un an. Le 21 décembre, elle a inauguré les trois premières, et remis les clés aux propriétaires de deux d'entre elles. On est loin des 5 000 promis, et encore plus du million de logements sociaux qu'il serait indispensable de construire !
Car Christine Boutin présente ces " maisons à 15 euros " comme étant du logement social. Elles sont accessibles aux ménages ayant aux moins deux enfants et dont le revenu net mensuel doit être compris entre 1 500 et 2 000 euros, APL comprise. Mais même si le taux de TVA pour la construction de ces maisons neuves a été abaissé à 5,5 %, ce qui diminue leur prix de revient, et même si les acheteurs bénéficient de certains prêts avantageux, ils devront néanmoins s'endetter pour au moins 25 ans, uniquement pour payer leur habitation. Ensuite, il leur faudra prendre un nouveau crédit pour rembourser le terrain sur laquelle elle a été bâtie, et dont le prix aura augmenté de 1,5 à 4 % par an, selon les endroits. Autrement dit, ils risquent d'avoir largement dépassé l'âge de la retraite quand ils seront enfin pleinement propriétaires de leur logement.
En outre, les premiers occupants de ces maisons ont fait leurs comptes, et calculé que le prix qu'ils paient est plus près de 800 euros mensuels que des 450 annoncés. Et s'ils n'avaient pas gagné plus de 2 000 euros mensuels, il leur aurait été difficile de l'acheter.
Partant du fait qu'il existe peu de terrains libres, et surtout à un prix abordable aux abords des grandes villes, Christine Boutin parle maintenant d'étendre ce dispositif aux appartements. Mais combien y en aura-t-il, et à quel prix ?
Ces " maisons à 15 euros " par jour semblent vraiment être de la même veine que celles à 100 000 euros lancées par Borloo, dont 800 au maximum seraient sorties de terre et qui coûtent 20 % plus cher que le prix annoncé. Elles sont juste l'occasion de quelques annonces médiatiques afin de donner l'illusion que le gouvernement fait quelque chose pour le logement social, alors que chacun peut constater que, comme tout ce qui est utile à la population, c'est le dernier de ses soucis.