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- Lutte ouvrière n°2108
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Leur société
Éducation nationale : Darcos recule, pas les lycéens !
"Je ne suis pas le ministre de l'hésitation nationale", affirmait il y peu Darcos, jouant le bel esprit. Et en effet, c'est sans hésiter qu'il a jugé urgent... d'attendre pour appliquer sa réforme des lycées quand l'Elysée lui en a donné la consigne. Il y a visiblement de l'inquiétude en haut lieu, dans un contexte social où les couches populaires ont toutes les raisons d'être inquiètes et mécontentes. Visiblement, au gouvernement et à la présidence, on voudrait éviter qu'un mouvement lycéen s'emballe et risque de devenir un abcès de fixation, voire le détonateur d'une crise sociale.
Mais ce premier recul, même si on ne peut que s'en féliciter, est aussi une ruse, assez grossière, qui n'a d'ailleurs pas trompé les manifestants lycéens. Sur le fond, la politique du gouvernement s'attaquant à l'Éducation nationale, aux jeunes et au personnel, reste pour l'instant inchangée. Il s'agit toujours, quelles que soient les prétendues réformes invoquées, de supprimer des dizaines de milliers de postes d'enseignants et de salariés contribuant au bon fonctionnement des établissements, à l'instruction et l'éducation des jeunes.
Les lycéens continuent de refuser la réforme des classes de seconde, en particulier le découpage de l'année en deux semestres, la réduction de certains enseignements qui ne seraient plus proposés qu'en option, et donc dans les lycées les mieux dotés seulement, et les réductions d'horaires que tout cela entraînerait. Mais ils s'opposent aussi à juste titre aux suppressions de postes d'enseignants, qui accroîtraient évidemment le nombre d'élèves dans les classes, dont les effectifs, dépassant souvent les quarante élèves, sont déjà bien trop élevés pour qu'un enseignement vraiment correct puisse y être donné.
Concernant ces suppressions de postes, Darcos, semblant surpris que les lycéens s'en préoccupent et surtout s'y opposent, a cru subtil de préciser qu'elles épargneraient les lycées. Les classes surchargées peuvent bien être le lot des collèges et des écoles primaires, le ministre qui est censé faire fonctionner l'Éducation nationale s'en moque et croit que les lycéens mécontents en feront de même... Mais cette réponse n'a pas ébranlé la détermination de ceux-ci, qui ont maintenu leurs manifestations du 18 décembre, à l'appel de leurs syndicats UNL et FIDL. Jusqu'au dernier jour de cours, des blocages et des manifestations ont eu lieu, comme pour signifier à Darcos et au gouvernement, qui veulent paraît-il " se donner plus de temps ", qu'ils ont tout juste deux semaines pour revoir entièrement leur copie.
Viviane LAFONT
(voir sur ce site nos correspondances sur le mouvement lycéen)