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- Lutte ouvrière n°2107
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Dans les entreprises
Renault Le Mans (72) : Première action contre le chômage partiel
À l'usine Renault du Mans, la production est arrêtée depuis le mercredi 10 décembre et le travail ne reprendra au mieux que le 5 janvier, ce qui fera au minimum quatre semaines d'arrêt. La raison invoquée par la direction est bien évidemment la crise dans l'automobile, prétexte bidon puisque Renault vendra au moins autant de voitures en 2008 qu'en 2007.
Si on voulait une preuve supplémentaire que ce chômage est organisé par la direction, c'est son acharnement à maintenir, voire à augmenter les cadences de production.
Certains d'entre nous ont reçu des menaces de sanction car ils ne faisaient pas le compte, même s'ils devaient chômer deux jours plus tard. Dans d'autre secteurs, la direction augmente même la cadence pour que la production habituelle soit réalisée en trois jours. Ainsi, dernièrement, dans un secteur de montage de trains arrière, la direction a voulu renvoyer chez lui un travailleur parce que, selon elle, il n'allait pas assez vite. Mal lui en a pris, ses camarades de travail, révoltés par cette façon de faire, ont débrayé plusieurs heures et la direction a dû reculer.
Ceci dit, depuis fin octobre, les journées non travaillées se sont accumulées, à raison de deux à trois par semaine, ce qui a eu pour effet de vider les compteurs de congés collectifs (jours de RTT) de la très grande majorité d'entre nous. En conséquence, plus de 250 travailleurs ont été touchés par le chômage partiel (une à cinq journées). En décembre, avec cet arrêt prolongé, c'est la quasi-totalité des ouvriers qui vont se retrouver dans cette situation. Cela va entraîner une perte sèche de 30 euros par journée, soit 400 euros pour décembre.
Cette situation, surtout chez les jeunes qui ont les plus petits salaires, génère du mécontentement et des discussions, surtout après la parution d'un tract syndical qui montrait qu'il suffirait de rogner de 30 centimes seulement les dividendes des 284 millions d'actions Renault pour maintenir en totalité le salaire de tous les travailleurs de l'entreprise victimes du chômage partiel.
La CGT a appelé à un rassemblement devant l'usine le vendredi 12 décembre pour réclamer l'indemnisation à 100 % du chômage. Bien qu'une partie de l'usine soit déjà au chômage, environ 300 travailleurs ont répondu à cet appel, dont certains venus d'entreprises d'équipements, notamment NTN, ex-secteur transmissions de Renault vendu il y a plusieurs années.
De se retrouver aussi nombreux dans ces conditions a donné le moral à tout le monde pour continuer et renouveler la mobilisation, en étant encore plus nombreux la prochaine fois.
Entre 2001 et 2007, Renault a réalisé plus de 18 milliards de bénéfices. Alors, la direction peut et doit payer.