Sarkozy l'avait dit et répété pendant sa campagne électorale : il allait être le président des Droits de l'homme. Après son élection, il avait même créé à cet effet un secrétariat d'État, rattaché au ministère des Affaires étrangères et nommé Rama Yade à ce poste. Femme, jeune et appartenant à ce que l'on nomme une « minorité visible », elle devait symboliser le changement promis par Sarkozy.

Mais le symbole n'a pas tenu longtemps. Dix-huit mois après sa nomination, Rama Yade se trouve déjà sur la pente savonneuse qui conduit à la sortie du gouvernement. Aussitôt après qu'elle eut affirmé qu'elle ne souhaitait pas conduire la liste UMP en Ile-de-France pour les élections européennes, comme Sarkozy l'aurait souhaité, Bernard Kouchner, son ministre de tutelle, s'apercevant soudainement que sa fonction de ministre des Affaires étrangères était quelque peu contradictoire avec la « défense des droits de l'homme », a déclaré que la création d'un secrétariat d'État aux Droits de l'homme avait été une « erreur » de sa part. Kouchner battait ainsi sa coulpe pour se faire l'exécuteur des basses oeuvres de Sarkozy.

Bref, les coups volent bas dans les rangs des membres du gouvernement. Mais ce n'est pas une nouveauté, on en a eu des exemples avec les relations tapageuses entre Sarkozy et Villepin, ou avec Chirac trahi en 2002 par Balladur, son « ami de trente ans ». Quant à Kouchner, son passé au Parti Socialiste ne l'empêche pas de devancer les désirs de Sarkozy et de participer à la curée.