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- Lutte ouvrière n°2107
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Leur société
Éco-emballages pour les patrons et maxi-taxes pour les déchets ménagers
La société Eco-emballages était jusqu'à présent connue pour ses campagnes par affiches et à la télé pour expliquer « le geste de tri » des déchets ménagers et inciter à faire un acte « citoyen ». « L'environnement a un coût, maîtrisons-le ! », est-il proclamé.
Eco-emballages revient dans l'actualité en passant par la Suisse et les îles Caïmans : chargée de collecter une taxe auprès des entreprises, la société a placé une partie de cet argent dans des fonds spéculatifs alors qu'elle était censée la reverser aux communes organisant le tri des déchets ménagers. 55 à 60 millions d'euros se seraient ainsi évaporés. Ses dirigeants déclarent avoir fait « comme tout le monde ». Il faut dire que le conseil d'administration de la société est composé de responsables de Danone, Coca-Cola France, Nestlé, des groupes laitiers Sodiaal et Unibel, etc., habitués à placer leurs excédents de trésorerie au gré de la spéculation. Cela n'a pas empêché Borloo, ministre de l'Écologie de feindre l'étonnement. « Hallucinant ! », a-t-il déclaré. Pourtant, l'État dispose d'un « censeur » - c'est son nom officiel - au Conseil d'administration d'Eco-Emballages, et en novembre dernier, il a décidé de ne pas rendre public un rapport qui montrait, paraît-il, que cette société ne verse pas aux collectivités les sommes annoncées. Selon les calculs de l'association Amorce, les communes ne reçoivent en moyenne que la moitié des coûts que leur occasionne la collecte sélective des emballages.
Ainsi, la population paye deux fois pour les déchets : une première fois comme consommateurs - en moyenne 0,06 centime par emballage - et une seconde fois, bien plus lourdement, par les impôts locaux ou les charges locatives, car les patrons qui multiplient à souhait les emballages laissent les collectivités locales se débrouiller pour éliminer les déchets qu'ils ont générés et en faire supporter les frais aux habitants.