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- Lutte ouvrière n°2104
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Leur société
Loi de réforme de l'audiovisuel public, du cousu main pour le privé !
Jeudi 25 novembre, les députés entamaient le débat sur le projet de loi de réforme de l'audiovisuel public. Le même jour, les personnels de France Télévision et de Radio-France étaient en grève, inquiets à juste titre des conséquences de cette loi sur leur emploi.
Le projet de loi, déjà adopté en Conseil des ministres, prévoit la disparition de la publicité commerciale sur les chaînes de télévision publiques. Au 5 janvier 2009, la publicité disparaîtra des écrans publics à partir de 20 heures puis, au 1er janvier 2012, elle s'évanouira totalement. Certes, il n'y aura pas grand monde pour regretter les séquences interminables louant les lessives qui lavent plus blanc que blanc, les couches qui absorbent sans modération ou les voitures qui roulent sans pollution mais, avec cette disparition de la pub, ce sont les finances qui vont avec qui s'évanouissent elles aussi.
Pour l'année 2009, le manque à gagner pour les chaînes publiques est évalué à 450 millions d'euros. Pour compenser, il était initialement prévu de taxer les chaînes privées à hauteur de 3 % de leurs recettes publicitaires et les opérateurs de téléphonie à hauteur de 0,9 % de leur chiffre d'affaires. Il est aussi, bien sûr, prévu de faire payer les téléspectateurs en augmentant la redevance télé. On peut être sûr que, pour ces derniers, le projet deviendra réalité. Par contre, les patrons des chaînes privées, forts de l'exemple de tous ces industriels qui réclament avec succès des deniers à l'État en prenant prétexte de la crise et de l'éventuelle baisse de leurs recettes, ont déjà réussi à faire déposer par des parlementaires un amendement pour que cette taxe, " douloureuse ", osent-ils dire, soit réduite de moitié... C'est que Sarkozy, promoteur en personne du projet de réforme, a de bons amis, ne serait-ce que Bouygues à TF1 et Bolloré à Direct 8, parmi les patrons de chaînes privées, et des députés-larbins prêts à les servir.
Les travailleurs de l'audiovisuel public ont donc des raisons d'être inquiets sur leur avenir. Patrick de Carolis, président de France Télévision, annonce 900 départs à la retraite d'ici 2012. Frédéric Lefebvre, sarkozyste de tout temps et membre de la commission chargée du projet de loi à l'Assemblée, affirme, lui : " Ça peut faire plus. " Et il ajoute : " Il faut dire la vérité : si on fait l'entreprise unique, ce n'est pas pour augmenter le nombre de gens. (...) Les gens qui partent à la retraite, il y en a beaucoup qu'il ne faudra pas remplacer. (...) C'est une bonne nouvelle pour l'entreprise, car c'est plus de moyens pour l'info et la création. "
La vraie " bonne nouvelle ", ce sera quand tous ces défenseurs de la sacro-sainte entreprise privée seront mis hors d'état de nuire. Ce sera une bonne nouvelle pour toute la société, et par là même pour la qualité des programmes à la télé.