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- Lutte ouvrière n°2103
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Dans les entreprises
Michelin - Clermont-Ferrand : Profits pour les uns, chômage pour les autres
Ces propos ont été ressentis comme une provocation par beaucoup de salariés qui, au même moment, apprenaient que la production allait baisser et que cela se traduirait par plus de flexibilité, par du chômage partiel et par le renvoi de centaines de salariés en intérim ou en fin de CDD !
Début octobre, pour faire face aux baisses de production, Michelin a essayé d'instaurer le " Compte épargne temps négatif " (CET négatif). Il voulait ainsi obtenir une modification de l'accord RTT lui permettant d'obliger les salariés à prendre par anticipation leurs congés des années suivantes.
Depuis le début de l'été, la production ayant baissé dans certaines usines, Michelin avait imposé de puiser dans les congés gardés pour les fêtes de fin d'année. Dans certains secteurs, comme à Tours, cela a tourné au ridicule. Dans un même atelier, une équipe devait rester à la maison alors qu'une autre faisait des heures supplémentaires ! Comprenant que le CET négatif ne protégeait de rien, et surtout pas du chômage, le personnel l'a majoritairement refusé.
Ces dernières semaines, les annonces de fermeture en fin d'année, avec du chômage partiel, se sont donc succédé d'une usine à l'autre partout en Europe. En France : Cholet, Roanne, Montceau, Tours, La Roche-sur-Yon et la filiale clermontoise SODG seraient pour l'instant touchées.
À SODG, cela pourrait se traduire selon les salariés par deux ou trois semaines de chômage entre fin novembre et fin décembre, ce qui signifierait des pertes de salaires de 200 à 400 euros. Et la direction continue chaque jour à essayer de faire accepter son CET négatif en prétendant que ce serait un moyen de préserver le pouvoir d'achat ! Elle voudrait que ce soit les salariés qui choisissent de quelle façon ils devraient subir la baisse des ventes...
Eh bien, il n'en est pas question ! D'autant plus que l'entreprise se porte bien. De 2000 à 2007, le bénéfice cumulé s'est monté à 4,5 milliards d'euros. Les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 72 % depuis 2003. Au premier semestre 2008, le bénéfice a encore atteint 430 millions d'euros... soit 3 500 euros par salarié du groupe. Et les analystes financiers prévoient, " malgré une fin d'année difficile ", un résultat net annuel de 630 millions d'euros pour 2008. Pourtant, Michelin va bénéficier, comme toutes les entreprises qui imposent du chômage partiel aux salariés, d'une aide de l'État de 2,13 euros par heure chômée !
Cela va représenter des centaines de milliers d'euros d'aide publique pour permettre à une entreprise bien portante de garantir aux actionnaires le maintien de leurs dividendes ! Raison de plus pour exiger : " Pas un centime de perdu sur notre salaire " !