Le PS en congrès : Farce pas tranquille mais dérisoire19/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2103.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le PS en congrès : Farce pas tranquille mais dérisoire

"Échec", "gâchis", "naufrage", voilà les mots qui reviennent chez tous les commentateurs pour parler du congrès du Parti Socialiste à Reims. Il est vrai qu'avec ses affrontements d'ambitions, ses magouilles et ses coups fourrés, le PS a donné un spectacle peu ragoûtant.

Que ceux qui se retrouvent dans la politique du PS soient démoralisés par le visage offert par ce parti qui se pose en alternative à la droite de Sarkozy, cela se comprend. Mais, du point de vue des travailleurs, le congrès de Reims ne mérite ni tristesse ni joie, ni même le moindre intérêt.

Ce parti porte encore, dans son étiquette de " socialiste ", ses liens passés avec le mouvement ouvrier, ses aspirations et ses idéaux. Il fut un temps où il incarnait en effet l'idée qu'il faut changer l'ordre social de fond en comble en renversant l'organisation capitaliste de la société. Mais c'était il y a un siècle ! Le naufrage du Parti Socialiste, ce n'est pas ce dérisoire congrès de Reims, cela remonte à la Première Guerre mondiale où il a basculé du côté de la bourgeoisie pour l'aider à envoyer des millions d'ouvriers et de paysans mourir pour rien sur les champs de bataille !

Depuis cette époque-là, même s'il continue à vouloir capter avec plus ou moins de succès l'électorat ouvrier, ce parti a cessé de représenter les intérêts du monde ouvrier. Et pour ne parler que des trente dernières années, chaque fois que le PS a été porté à la tête de l'État ou du gouvernement, il a gouverné au profit de la classe capitaliste, sans même que son arrivée au pouvoir se traduise par une rupture avec la politique antiouvrière menée.

Oh, le PS n'est pas identique à ses concurrents de droite ! Le coeur de la bourgeoise penche du côté de la droite dont les hommes politiques, Sarkozy en tête, sont non seulement les serviteurs dévoués des riches, mais fiers de l'être. Mais la classe capitaliste a vérifié en maintes occasions que non seulement elle n'a rien à craindre du Parti Socialiste au gouvernement, flanqué ou non du Parti Communiste, mais que le PS est plus apte que la droite à tromper le monde du travail, à endormir sa méfiance. Le PS représente une alternance gouvernementale, mais pas une alternative sociale et politique.

Bien que les trois candidats à la direction du PS s'efforcent, dans cette période de crise, de gauchir leur langage, d'évoquer les problèmes des travailleurs, ils ne représentent que des clans différents mais pas des politiques opposées.

Depuis longtemps le PS est partisan, comme les partis de droite, de l'économie de marché, du capitalisme, de l'exploitation qui en est le fondement. De ce capitalisme qui engendre aussi les crises.

La conclusion qu'on peut en tirer est qu'il manque à la classe ouvrière un parti qui soit réellement le sien, qui incarne ses intérêts de classe face à la bourgeoisie, face aux possédants. Un parti qui ne veuille pas seulement coller les rustines des interventions de l'État sur l'économie capitaliste mais qui veuille renverser la dictature du grand capital sur l'économie. Un parti qui ne se contente pas de se poser, le temps d'une élection, en avocat du monde du travail, ce que le PS n'est même plus, mais qui soit l'instrument politique des combats de la classe ouvrière.

Avec l'aggravation brutale de la crise de l'économie capitaliste, le grand patronat redoublera son offensive contre le monde du travail.

Les travailleurs auront à se défendre, et pas seulement sur le terrain revendicatif, mais aussi sur le terrain politique. La précédente grande crise de l'économie capitaliste, celle commencée par le krach boursier de 1929, avait entraîné non seulement une hausse brutale du chômage, un écroulement des salaires, la misère généralisée, même dans les pays industriels les plus riches, mais aussi la montée de l'extrême droite antiouvrière et la remise en cause des libertés et des droits ouvriers les plus élémentaires. Pas plus que dans le passé, ce n'est la gauche officielle, PS en tête, qui nous en protégera.

La contre-offensive ne pourra venir, comme à l'époque, que d'en bas, que d'une explosion sociale. Comment faire, quels objectifs se fixer pour que cette explosion sociale empêche la bourgeoisie de faire payer la crise de son économie aux travailleurs, voilà ce qui compte pour l'avenir, et pas la pantalonnade à la tête du Parti Socialiste.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 17 novembre

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