Les syndicats CGT, CFDT, CFTC et FO appelaient les travailleurs à faire grève le 11 novembre dans plusieurs magasins Auchan, pour protester contre la décision de la direction de considérer ce jour férié comme la " journée de solidarité ".

Cette journée dite de " solidarité ", instituée par Jean-Pierre Raffarin, est de fait une journée de travail supplémentaire gratuit. Censée financer l'aide officielle aux personnes âgées, elle avait d'abord été fixée au lundi de Pentecôte. Devant l'impopularité de la mesure, le gouvernement avait accepté que le lundi de Pentecôte reste un jour férié. Mais il a maintenu le principe d'une journée de travail gratuit, laissant les patrons en fixer la date. Rappelons que cette mesure est déjà une bonne affaire pour les patrons qui ne versent à l'État que 0,3 % de la masse salariale annuelle au titre de cette journée de solidarité, alors qu'elle en représente sensiblement plus.

En décidant de faire du 11 novembre une journée de solidarité, la direction d'Auchan fait une très bonne opération, de son point de vue, évidemment. Ainsi, non seulement les salariés travailleront un jour férié, ce qui promet un chiffre d'affaires très confortable, mais ils ne seront pas payés et Auchan n'aura pas plus à verser à l'État que pour un jour ouvrable.

Dans ce secteur, les salaires sont particulièrement bas, souvent au-dessous du smic, surtout pour ceux qui sont contraints de travailler à temps partiel. C'est ce qui contraint certains à accepter de travailler durant le dimanche ou les jours fériés. Mais tous n'acceptent pas. Cela fait des mois que des salariés résistent au travail du dimanche ou des jours fériés, comme le montre le succès des grèves et débrayages de ces derniers mois, dans la grande distribution.

Les agissements des capitalistes de ce secteur révoltent d'autant plus qu'ils sont tous à la tête de grandes fortunes. Auchan est la propriété de la famille Mulliez, qui possède également Saint-Maclou, Leroy-Merlin, Flunch, Pizza Paï, Decathlon, Kiloutou et bien d'autres enseignes encore. Mulliez est la première fortune de France, estimée à 21 milliards pour l'année 2008, en augmentation de 23,53 % par rapport à l'année 2007. On comprend en tout cas comment cette famille a construit sa fortune sur le dos à la fois de ses salariés et des consommateurs.