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Le lobby de l'amiante toujours puissant : L'amiante, un produit dangereux ?
Faute de consensus, l'amiante chrysotile n'a pas été inscrit parmi les produits dangereux par une réunion de la Convention de Rotterdam.
Cette organisation réunit 126 pays et se donne pour but de protéger les hommes et l'environnement contre les dangers des produits chimiques. Parmi les 39 produits déjà classés PIC, c'est-à-dire dont la commercialisation exige " information et consentement préalable " mais n'est pas interdite, figurent cinq formes d'amiante, mais pas l'amiante chrysotile, le seul largement utilisé aujourd'hui, en particulier incorporé dans du ciment.
Le plus gros producteur et exportateur de cet amiante chrysotile est le Canada, mais ce n'est pas le délégué canadien à cette Convention qui est intervenu pour empêcher qu'il soit ajouté à la liste des produits PIC. Il s'est contenté de rester silencieux, laissant ses plus gros clients, Inde, Pakistan, Vietnam, Philippines, intervenir.
Pourtant, au Canada même, une campagne des milieux de la médecine et de la santé dénonce ce scandale et rappelle la nocivité reconnue de l'amiante, les cancers qu'il provoque, son interdiction dans la plupart des pays développés. Il y a six mois, un comité d'experts a présenté un rapport au ministère canadien de la Santé, qui refuse de le rendre public, sous prétexte qu'il serait toujours en train de l'étudier !
Le lobby de l'amiante est puissant et actif, en particulier auprès des gouvernements. En France, il avait réussi à empêcher pendant des années l'interdiction de ce produit, en obtenant de médecins et de scientifiques des rapports au mieux tendancieux et souvent faux. Aujourd'hui, la propagande de ce lobby ne consiste plus à dire que l'amiante ne présente pas de danger, mais à en préconiser un usage " sécurisé ". Il prétend que les produits amiantés, " dans des conditions normales d'utilisation, ne posent pas de risques significatifs pour le public ". Il noie le poisson en affirmant que l'amiante est présent dans les deux tiers des roches qui forment l'écorce terrestre, que l'on respire chaque jour dans l'air le plus pur des dizaines de milliers de fibres d'amiante et que par litre d'eau on en ingère de 200 000 à deux millions, et jusqu'à 170 millions dans certaines régions du Québec, où se trouvent les mines.
La proposition de classer PIC l'amiante chrysotile visait à en souligner la dangerosité, même pas à en interdire l'usage ou le commerce. Les industriels qui le produisent et le transforment pourront donc continuer à répandre sans restriction leur poison dans le Tiers Monde, alors qu'on sait que, rien qu'en France, l'amiante tue chaque année plus de 3 000 personnes.