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Leur société
Calais : Rafle policière contre les migrants et interpellation d'un militant
Le 25 octobre dernier, 250 policiers avaient évacué des terrains et une usine désaffectée dans une rue de Calais, squattés par 200 à 300 migrants. Les riverains ont été scandalisés par ces expulsions d'hommes, de femmes et d'enfants occupant un bâtiment vide, jetés dehors dans le froid et la pluie.
Une nouvelle opération policière contre ces migrants s'est déroulée durant les nuits des 6 et 7 novembre, dans la zone des dunes, vaste terrain vague à l'écart de la ville où les migrants avaient depuis longtemps trouvé refuge dans l'attente d'une opportunité de passage vers l'Angleterre. Quelques-uns d'entre eux ont été interpellés puis relâchés dans les heures suivantes.
Cette fois, on avait mobilisé 150 policiers " armés jusqu'aux dents : armures, boucliers, flash-ball, chiens renifleurs dressés à reconnaître l'odeur boucanée des migrants - ce n'est pas une blague ! - et même un hélicoptère équipé de puissants projecteurs ", relatait le journal local Nord Littoral.
Au cours de cette deuxième opération, Jean-Claude Lenoir, de l'association d'aide aux migrants Salam (Soutenons aidons luttons agissons pour les migrants et les pays en difficulté), a été arrêté, " plaqué au sol et mis torse nu ", témoignait son fils. Il a passé la nuit au commissariat. Samedi 8 novembre, 200 bénévoles, militants et réfugiés, se sont rassemblés sous les fenêtres du commissariat, criant leur colère et scandant : " Libérez Jean-Claude ". Il n'a été relâché que vers 23 heures. Il est accusé " d'outrage à agents ", l'outrage en question n'ayant été entendu par aucun des témoins et la victime de l'outrage ayant changé au fil du temps. Il est convoqué au tribunal de Boulogne-sur-Mer en février 2009. Contestant de longue date la politique des gouvernements envers les migrants et ayant déjà été condamné à une peine de prison avec sursis en 2005, il risque la prison ferme.
Depuis plusieurs semaines, l'afflux de réfugiés continue, le passage en Angleterre et les conditions de leur survie sont de plus en plus difficiles. Les associations de bénévoles, C'Sur et Salam, servent jusqu'à 700 repas en un soir, au lieu de 200 auparavant. La fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte par Sarkozy en décembre 2002 n'a donc rien résolu, puisque le plus court chemin vers l'Angleterre passe toujours par Calais ! Les bénévoles, débordés par la tâche, ont interpellé les pouvoirs publics, et l'association C'Sur menace même d'arrêter son aide aux migrants si les autorités ne relaient pas son activité.
La réponse de l'État est d'appliquer la ligne Sarkozy-Hortefeux : renforcement des contrôles pour atteindre les quotas d'expulsions de sans-papiers. Salam met en cause un accord entre l'État français et la Grande-Bretagne qui s'apprête à renvoyer par charter des sans-papiers afghans placés au centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles, près de Calais.
Ces mesures policières ne résolvent aucun des problèmes provoqués par la pauvreté et les guerres qui poussent un nombre toujours plus grand d'hommes et de femmes sur les routes de l'immigration, mais elles servent la démagogie sécuritaire de Sarkozy.