Magistrats et gardiens de prison mécontents : Lundi noir pour la ministre Rachida Dati22/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2099.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Magistrats et gardiens de prison mécontents : Lundi noir pour la ministre Rachida Dati

Lundi 20 octobre, la venue à Metz de la ministre de la Justice, Rachida Dati, a été boycottée par les magistrats de cette ville. Le même jour, les syndicats des gardiens de prison, outrés qu'elle ait préféré aller à Metz plutôt que de les recevoir comme prévu, lançaient un appel au « blocage total » des prisons le 13 novembre. Magistrats et surveillants de prison dénoncent le « mépris » de la ministre à leur égard.

Le voyage à Metz était censé lui permettre de « dialoguer avec les magistrats ». Mais à l'exception d'une quinzaine de responsables de la juridiction, les 120 magistrats de la ville ont refusé de la rencontrer. À son arrivée à 15 heures, la garde des Sceaux a même été accueillie par soixante-dix magistrats et avocats brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit : « Justice bafouée, démocratie en danger. »

Les relations de la ministre avec les syndicats de surveillants de prison ne sont guère meilleures. Le 20 octobre au matin, les trois syndicats des gardiens de prison, UFAP, CGT et FO, avaient rendez-vous avec la ministre mais n'ont été reçus que par son directeur de cabinet. Ce rendez-vous avait été pris après une série de quatre suicides dans des prisons de l'est du pays, dont deux jeunes de 16 ans. Dans l'ensemble du pays, 90 prisonniers se sont suicidés depuis le début de l'année, soit 18 % de plus que l'an dernier. Il y a eu aussi deux meurtres.

Les trois syndicats dénoncent la « situation alarmante » des prisons. « Les personnels de surveillance n'ont malheureusement plus beaucoup de temps attribué pour discuter avec les détenus. On nous demande de faire de plus en plus de tâches », a dit l'un des syndicalistes. Les gardiens de prison soulignent que les prisons n'ont qu'une capacité de 51 000 places mais qu'on y entasse plus de 63 000 détenus. « À Arras, on scie les pieds des lits pour en superposer plus », a indiqué un syndicaliste.

Le ministère a proposé des groupes de travail sur le sujet, des audits des établissements pénitentiaires et la création d'un bureau d'aide sociale des prisons. Mais le style cavalier de la ministre a délié les langues des responsables syndicaux, qui ont dénoncé « des paroles » là où il faudrait des moyens. Comme chacun sait, l'État n'a plus un liard... sauf pour les banquiers !

Le 22 octobre, les trois principaux syndicats pénitentiaires ont finalement levé leur appel au blocage des prisons après avoir été enfin reçus par la ministre, déclarant avoir reçu « des engagements fermes ». En tout cas, ils sont tardifs.

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