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Ford Blanquefort (Gironde) : Les travailleurs manifestent au Mondial
Samedi 4 octobre, pour protester contre la fermeture de leur usine, les salariés de Ford Blanquefort avaient déjà manifesté à l'intérieur du Salon de l'automobile à Paris.
L'implantation de Ford en Gironde, avec le concours généreux des collectivités locales, remonte à plus de trente ans. On a compté jusqu'à 4 000 travailleurs sur le site de Blanquefort. Mais en 2007 Ford a annoncé sa décision de fermer une des deux usines du site d'ici 2010, celle qui fabrique des boîtes de vitesses automatiques et qui compte encore 1 600 salariés, tandis que l'autre, qui fabrique des boîtes de vitesses manuelles et compte 900 salariés, n'est pas, pour l'instant, sur la sellette.
Pour justifier la fermeture de cette entreprise, comme celle d'une douzaine d'usines en Amérique du Nord, la direction met en avant le rétrécissement du marché des 4x4 et les pertes financières du groupe. Les dernières pertes (8,7 milliards au 1er semestre 2008) sont largement dues à une " dépréciation d'actifs ", c'est-à-dire des pertes liées à la spéculation boursière ou immobilière à laquelle s'adonne la direction du groupe. Mais, même malgré ces pertes, Ford a encore la bagatelle de 26 milliards de dollars en réserve, sans compter les milliards qu'ont accumulés au fil des ans les actionnaires et qu'il serait après tout normal qu'ils rendent si l'entreprise venait à être en difficulté.
En février 2008, après plusieurs débrayages, les salariés de Blanquefort avaient bloqué pendant une semaine les entrées et sorties de l'usine menacée de fermeture. Depuis, la direction joue avec les annonces d'un éventuel repreneur, mais ne donne jamais ni l'identité de celui-ci, ni le nombre d'emplois qui seraient repris. Elle essaye ainsi de lasser les travailleurs, pour qu'ils acceptent les primes de départ sans poser de problème.
Les salariés de Ford sont donc venus à 600 au Salon de l'auto, pour démontrer qu'ils ne s'en laissaient pas ainsi compter. À l'entrée du Salon, ils ont organisé une distribution de tracts, que les CRS ont vainement essayé d'empêcher. Puis il y eut une prise de parole, à laquelle ont notamment participé une délégation de General Motors Strasbourg et une autre de Renault Lardy, des usines de l'automobile elles aussi touchées par les licenciements.
Entrés par petits groupes au Salon, les travailleurs de Ford ont manifesté à l'intérieur aux cris de " On veut du boulot, pas du baratin ", " Non aux licenciements ". Si les responsables de l'entreprise se sont faits tout petits, le public a manifesté sa sympathie. Les organisateurs du Mondial auraient voulu leur manifestation silencieuse, les salariés l'ont préférée bruyante et ils ont eu raison. Le Mondial, où les différents constructeurs viennent se pavaner alors que la plupart d'entre eux licencient, était une occasion à ne pas manquer.