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Leur société
La crise et l'Europe : Chaque État protège ses capitalistes
La crise a encore été pour Sarkozy l'occasion de donner libre cours à une agitation amplifiée par sa fonction de président temporaire de l'Union européenne qui, pour être frénétique, n'en pas pas pour autant débouché sur grand-chose.
Samedi 4 octobre, c'était la réunion à quatre (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, France) avec les responsables de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne. Il en est sorti de belles paroles : un engagement « à travailler de manière coopérative et coordonnée au sein de l'Union européenne avec les autres partenaires internationaux ». Mais aucun plan, et pour cause : chacun s'est précipité pour renflouer ses propres banquiers, dont certains menaçaient de dévisser totalement, comme Hypo Real Estate en Allemagne, et pour réaffirmer à ses propres épargnants qu'ils n'avaient rien à craindre dans leur pays.
Lundi 6 octobre, Sarkozy a lui aussi déclaré solennellement, sur les marches de l'Elysée, qu'aucun déposant ne perdrait « un seul euro ». Mardi 7, le sommet des États européens au grand complet devait déboucher sur un plan commun, qui aurait témoigné de la solidarité européenne et de leur souci commun de protéger les petits épargnants : il a débouché sur la décision de relever à 50 000 euros, contre 20 000 actuellement, le plafond de garantie des dépôts bancaires dans l'Union européenne. On avait évoqué 100 000 euros, mais certains États ont jugé cela impossible à tenir.
La montagne a donc accouché d'une souris. D'abord parce que chacun va conserver ses propres règles officielles : une garantie illimitée en Allemagne ou en Irlande, un plafond de 100 000 euros pour l'Italie et les Pays-Bas, 70 000 pour la France où Fillon a assuré en même temps, sans craindre le ridicule, que le pays garantissait à 100 % les dépôts des épargnants, car il n'y aurait pas de faillite de banques - encore un adepte de la méthode Coué !
Mais toute cette cacophonie est surtout un gigantesque coup de bluff, car les fonds de garantie existant actuellement sont totalement insuffisants pour éponger les pertes éventuelles. Et surtout parce que les gouvernements se soucient avant tout de remettre à flot leurs capitalistes, et pas du tout de sauver coûte que coûte les économies de leurs épargnants. Pour ceux-là, il s'agit simplement d'une opération de communication.
L'argent de l'État, c'est-à-dire celui des salariés, des travailleurs de quelque pays européen que ce soit, qu'il s'agisse de celui des impôts et peut-être de celui des comptes d'épargne, si la situation s'aggrave, tout cet argent servira à colmater les brèches faites par les spéculateurs. Les États volent au secours de leurs banques respectives : la franco-belge Dexia, la française Natixis, l'italienne Unicredit, l'allemande Hypo Real Estate, et ce n'est pas fini. Mercredi 8 octobre, le gouvernement britannique a annoncé un plan de soutien aux plus grandes banques du pays pour un montant de 50 milliards de livres (65 milliards d'euros) et une « ligne de crédit » de 200 milliards de livres.
Enfin, Jean-Claude Trichet a déclaré que la Banque centrale européenne continuerait à injecter « aussi longtemps que nécessaire » des liquidités dans le système bancaire. Pour les banques et pour leurs actionnaires, les actes suivent les promesses.