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- Lutte ouvrière n°2095
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Dans les entreprises
La Poste : Des dizaines de milliers de grévistes contre la privatisation la force que craint le gouvernement
Le 23 septembre, les salariés de La Poste ont répondu présents à l'appel à la grève émanant de la quasi-totalité des fédérations syndicales contre la privatisation de La Poste.
La direction de La Poste, qu'on peut suspecter de partialité, annonçait plus de 25 % de participation à l'échelle nationale, avec des chiffres allant de 35 à 45 % de grévistes sur Paris. Dans nombre de secteurs, cela veut dire qu'il y avait une majorité de grévistes, surtout à la base puisque la direction compte toutes les catégories, encadrement compris. Ainsi à Orléans il y avait 80 % de grévistes au centre de tri dans certaines brigades. Dans les centres financiers (ex-chèques postaux), on comptait 55 % de grévistes à la Source-Orléans, 58 % à Bordeaux, 70 % à Marseille ; des manifestations relativement importantes avaient lieu dans différentes villes. La CGT annonce, elle, une participation nationale de 40 %, avec 110 000 grévistes. C'est un chiffre en notable augmentation par rapport aux journées d'action de la dernière période et c'est une force qui compte et qui peut compter dans le pays dans la période qui vient.
Bien des postiers, s'ils ont fait grève pour affirmer bien évidemment leur refus du projet de privatisation, l'ont fait aussi pour crier leur refus des dizaines de milliers de suppressions d'emplois en cours en ce moment, des restructurations permanentes, de l'aggravation continue des conditions de travail.
Le problème qui se pose pour les postiers, comme d'ailleurs pour tous les autres travailleurs, est de mettre un coup d'arrêt aux attaques incessantes et de garantir pour chacun des conditions de vie et de travail correctes. Le projet de privatisation met en lumière la finalité des sacrifices demandés à tous : rentabiliser au maximum, au-delà même du supportable, pour offrir au bout du compte tout ou partie des services de La Poste, les plus profitables, à quelques riches actionnaires. Tout cela au détriment du personnel, bien sûr, mais aussi des millions d'usagers et d'abord les plus modestes.
Alors il faut qu'il y ait une suite à cette première mobilisation qui n'aura pu que réconforter les 300 000 postiers en leur permettant de mesurer la force qu'ils peuvent représenter dans le pays. Si Sarkozy a sorti de son chapeau la proposition d'une commission pour discuter, paraît-il, de l'avenir de La Poste et de son statut, c'est avant tout par crainte du développement d'un conflit social majeur avec l'ensemble des postiers entourés de la sympathie d'une majorité de la population.
Alors ce ne serait vraiment pas le moment de le rassurer, en quittant le terrain de la mobilisation gréviste et des manifestations pour laisser les choses s'enliser autour de palabres ou de la perspective indéfinie d'un éventuel référendum. Cela reviendrait à abandonner une certitude, la force des travailleurs mobilisés soutenus par des millions d'autres, pour une chimère : le vote hypothétique d'un référendum, dont la mécanique mettrait au mieux le résultat final entre les mains du président et de l'Assemblée nationale et de sa majorité de droite...
Les fédérations syndicales de La Poste devaient se réunir mardi 24 septembre et la CGT proposerait une nouvelle grève, éventuellement le 7 octobre. En tout cas, moins que jamais il ne faut lâcher la proie pour l'ombre. Il faut donner une suite à la journée du 23 septembre, et se retrouver aux côtés de millions d'autres travailleurs serait la meilleure façon de le faire. Il faut ouvrir aux postiers, à tous les travailleurs et à toute la population une issue pour mettre véritablement en échec les plans présents et à venir du gouvernement, à La Poste... et ailleurs.