Après plus de trois ans d'enquête, d'auditions et d'expertises, un juge d'instruction de Créteil (Val-de-Marne) vient de mettre en examen Air France pour l'accident qui avait entraîné la mort d'une hôtesse, tombée d'un " escabeau " (une passerelle de débarquement) sur les pistes d'Orly lors d'un atterrissage, le 1er février 2005.

La justice annonce plusieurs chefs d'inculpation : avoir causé la mort de cette hôtesse par maladresse, négligence, imprudence, inattention, manquement aux règles de sécurité. Et pour préciser : ne pas avoir mis en place la sécurité de ses employés ; ne pas avoir appliqué la procédure de piste qui prévoit le guidage arrière de l'escabeau ; ne pas avoir prévu l'effectif suffisant sous l'avion après son atterrissage ; l'absence de procédure de transmission entre le personnel navigant et le personnel au sol concernant la fermeture de la porte par laquelle était tombée l'hôtesse ; la non-conformité réglementaire de l'escabeau...

Après le drame, Air France avait osé en rejeter la responsabilité sur un travailleur de piste, qu'elle avait ensuite licencié. Elle l'avait privé de son emploi après l'avoir présenté publiquement, dans la presse et au sein de l'entreprise, comme le principal responsable de cet accident mortel. Eh bien ce travailleur, que sa direction avait sacrifié comme un lampiste plutôt que d'assumer ses responsabilités, vient de gagner son procès en diffamation contre Air France !

On ne sait pas si la justice ira jusqu'à la condamnation d'Air France. Mais pour de nombreux travailleurs de la compagnie, aujourd'hui comme il y a trois ans, il n'y a pas de doute : c'est la direction et sa politique d'économies qui sont totalement responsables de la mort de cette hôtesse.