- Accueil
- Lutte ouvrière n°2093
- Renault : Le plan Ghosn, un gigantesque hold-up
Dans les entreprises
Renault : Le plan Ghosn, un gigantesque hold-up
Mardi 9 septembre, le PDG Carlos Ghosn a réuni le Comité central d'entreprise de Renault pour annoncer officiellement son plan de milliers de suppressions d'emplois.
La vraie raison de ce plan figure noir sur blanc dans le document proposé au CE : il faut " atteindre une marge opérationnelle de 6 % " . Selon Ghosn, il faut arriver à un dividende de 4,5 euros par action à l'horizon 2009, alors qu'il n'était que d'un euro en 2001. Bref, il faut protéger la bourse des actionnaires, et tant pis pour les travailleurs qui se retrouveront à la porte !
Bien sûr, tout n'est pas dit tout à fait aussi crûment. Le message, abondamment relayé par les médias, est le suivant : " L'automobile va mal ; Renault va mal ; si on veut préserver l'avenir de l'entreprise, les salariés doivent être mis à contribution. "
Un petit coup de chantage - " Il faut savoir être responsable pour éviter une fermeture d'usine " - et un gros coup de massue : il y aura 4 000 suppressions d'emplois d'ici fin avril 2009, essentiellement parmi les travailleurs des bureaux, les techniciens, les ingénieurs, ceux que les patrons désignent comme une " main-d'oeuvre de structure ". Mais il y aura aussi une ligne de production fermée à Sandouville, près du Havre.
Les " mesures d'accompagnement " font partie du discours classique : aide au projet professionnel, comme une création d'entreprise ; départ en retraite, mais avec l'indemnité " normale ", rien de très attirant pour des travailleurs âgés, fatigués ou malades, qui aspirent à un plan de préretraite avantageux ; et de toute façon ceux qui sont en production, ne seront pas " dans le périmètre du plan ".
Tout cela est bien sûr annoncé au " volontariat ". Il fallait oser se payer la tête des travailleurs à ce point ! Sans compter qu'outre les embauchés Renault en contrat à durée indéterminée, seuls concernés par le plan, des centaines de travailleurs intérimaires ou prestataires se retrouvent déjà ou vont se retrouver dehors. Le chiffre de 4 000 suppressions de postes n'est donc qu'un mensonge de plus.
Ghosn l'a dit lui-même : " Renault a 7 milliards d'euros en caisse. " Sur les six premiers mois de 2008, ses bénéfices, en hausse de 21 %, se montent à 1,5 milliard d'euros. Ce plan, refusé à l'unanimité le 9 septembre par tous les syndicats du groupe, n'est donc qu'un gigantesque hold-up, la confiscation au profit des actionnaires de tout ce qui a été créé par le travail des dizaines de milliers de salariés de l'entreprise. Ils ont toutes les raisons de protester lors de la journée de grève prévue le 11 septembre. Mais ils ont surtout le nombre pour résister à cette offensive et refuser de payer pour enrichir des parasites.