Les quelque 1 500 ouvriers de l'usine Goodyear d'Amiens ont repris le chemin de leur usine à l'issue des congés, et ils devraient se réunir et manifester dès le 16 septembre prochain contre la menace de licenciements que ce géant mondial du pneu fait peser sur 402 salariés.

Cette menace de licenciements est particulièrement odieuse. Elle est le résultat d'un chantage ouvert et public de la direction du groupe. Celle-ci voudrait punir ainsi les travailleurs d'avoir refusé de donner leur accord à imposer l'aggravation de leurs conditions de vie avec les 4x8 (travail en continu le dimanche compris), un allongement substantiel de leurs heures de travail pour certains, et... près de 500 suppressions d'emplois d'ici deux ans.

Ce qui fait enrager la direction de ce groupe, les autres patrons, et nombre d'hommes politiques et de journalistes à leurs bottes, c'est que depuis un an les ouvriers se battent et ont pu mettre en échec à plusieurs reprises tous ces plans. Grèves, manifestations, référendum qui a donné une écrasante majorité pour refuser ces reculs.

Pour tous ces gens-là, les bons ouvriers sont ceux qui aujourd'hui se soumettent à l'ordre patronal, chez Goodyear et ailleurs. C'est l'air du temps, disent-ils. Ce qu'ils ne supportent pas c'est que dans une grande usine, et donc au vu et au su de tout le monde ouvrier, des travailleurs montrent la voie que toute la classe ouvrière aurait intérêt à suivre aujourd'hui : celle du refus de tout nouveau recul.