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Afghanistan : Les « bavures », c'est la guerre au quotidien
Vendredi 22 août, les troupes de la coalition sous commandement américain ont effectué des bombardements meurtriers dans le district de Shindand en Afghanistan.
Un porte-parole du Pentagone a déclaré que « c'était une frappe légitime contre les talibans » ; il a ajouté : « Malheureusement il y a eu des victimes civiles, bien que leur nombre fasse débat, mais c'est la raison pour laquelle une enquête est menée. »
Leur nombre ne fait plus débat : l'enquête de l'ONU a confirmé la mort de 90 civils « parmi lesquels 60 enfants, quinze femmes et quinze hommes », en précisant que « quinze autres villageois avaient été blessés ».
En juillet, deux bombardements dans l'est du pays avaient fait 64 victimes civiles, dont 47 qui se rendaient à un mariage et parmi elles 39 femmes et enfants. Au cours des six premiers mois de 2008, selon l'ONU, 255 civils ont été tués par les forces étrangères.
Le gouvernement d'Hamid Karzaï a annoncé qu'il souhaitait « renégocier les termes de la présence des forces internationales en Afghanistan », une façon de se démarquer de ces « bavures » qui dressent la population non seulement contre les armées étrangères mais aussi contre l'armée ¬af¬ghane. Après les bombardements du 22 août les habitants de la région ont en effet jeté des pierres aux soldats afghans venus les secourir en disant : « L'armée afghane est notre ennemie, nous ne voulons rien de nos ennemis. »
Mais les « bavures » sont inséparables des opérations des troupes d'occupation ; pour elles, comme dans toutes ces opérations de « pacification » qui rappellent les guerres coloniales, tout habitant est un ennemi en puissance, tout village un refuge pour les terroristes. Et plus l'occupation dure, plus cela devient vrai. Et plus c'est dramatique pour la population afghane qui risque de ne se débarrasser des troupes étrangères que pour retomber sous la dictature des talibans.