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- Lutte ouvrière n°2087
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Leur société
Salariés et pauvres : Le smic dérange les patrons
Sous la signature de trois économistes du Conseil d'analyse économique (CAE), un rapport remis à Eric Besson et Martin Hirsch préconise tout simplement de remettre en question le smic. Le prétexte est que le smic ne protégerait pas contre la pauvreté, puisque le taux de pauvreté n'a pas diminué en France ces dernières années... Mais de combien aurait-il augmenté si le smic n'avait pas imposé une rémunération minimum ?
En 2006, 15 % des salariés en France touchaient le smic. Dans les secteurs où les salaires sont bas, comme la distribution, cette proportion passe à 35 %. Une des raisons en est que la loi prévoit une augmentation automatique du smic en fonction de l'augmentation officielle des prix. Même si cette augmentation est en fait inférieure à l'augmentation réelle des prix, ce n'est pas le cas pour les autres salaires et une partie de ceux-ci ont donc été « rattrapés » par le smic. Du coup l'indexation sur la hausse officielle des prix, supprimée pour l'ensemble des salaires, demeure pour ceux qui sont au smic et c'est cette augmentation imposée par la loi qui est insupportable aux patrons.
C'est ce sentiment que reprennent les auteurs du rapport en question, en affirmant que cela « pénalise » l'économie. Ils constatent que, puisque les patrons trouvent les salaires trop élevés, ils n'embauchent que des personnes « très productives » - c'est-à-dire qu'ils leur imposent des cadences élevées - et les jettent à la rue quand elles sont usées.
Ces distingués économistes proposent donc qu'il n'y ait plus de smic défini pour l'ensemble des salariés, en laissant le soin à la négociation par branches professionnelles de définir éventuellement des salaires minima. Cela signifie évidemment qu'il pourrait y avoir des salaires très inférieurs au smic d'aujourd'hui, comme cela se produit dans les pays où il n'existe pas de salaire minimum défini à l'échelle nationale.
Pourtant, il ne faut pas avoir fait les grandes écoles pour comprendre qu'il suffirait que tous aient un revenu décent pour qu'il n'y ait plus de pauvreté. Non seulement le smic devrait suivre l'augmentation des prix, mais il devrait être largement revalorisé, de même que tous les salaires et les pensions.