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Leur société
Caisse noire de l'UIMM : Quand on fait parler les morts
Le feuilleton de la caisse noire de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) vient de connaître un nouveau rebondissement avec les « révélations » de Jacques Gagliardi. Celui-ci a été le bras droit de Pierre Guillen, vice-président délégué général de l'UIMM de 1984 à 1994, poste repris par Denis Gauthier-Sauvagnac qui fut à l'origine de l'affaire quand, à l'automne 2007, une enquête fut ouverte sur les millions d'euros qu'il avait retirés en liquide des comptes de l'UIMM.
Pierre Guillen a été enterré le 2 juillet, mais il aurait confié à Gagliardi que tout le monde bénéficiait des largesses de l'UIMM, le CNPF bien sûr, l'ancêtre du Medef, mais aussi les syndicats, comme la CFDT et FO et, c'est là la « révélation », même la CGT. Quant aux partis politiques de droite comme de gauche, ils n'étaient pas en reste, seul le Parti Communiste n'ayant pas eu droit aux largesses de l'UIMM. Et Guillen de préciser que de tout temps, les patrons avaient procédé de la sorte, même au 19e siècle à l'époque du Comité des Forges, façon de dire au passage quoi penser des déclarations d'une Laurence Parisot, présidente du Medef, affirmant qu'elle en ignorait tout !
Quand il avait été pris la main dans le sac, Denis Gauthier-Sauvagnac avait choisi le silence, se contentant de dire dans une formule mystérieuse que ces millions d'euros avaient servi à « fluidifier les relations sociales ». Gagliardi, en parlant sans preuves, brode sur le même thème, laissant entendre que tout le monde en a croqué. Mais ces « révélations » servent en fait à détourner l'attention de l'essentiel dans l'enquête sur la caisse noire de l'UIMM. Comme le rappelle Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT, ce n'est pas le syndicat qui est au banc des accusés mais les dirigeants de l'UIMM. C'est à eux que la justice demande des comptes sur l'utilisation de sommes considérables estimées aujourd'hui à 600 millions d'euros, et en particulier à Jacques Gagliardi mis en examen dans cette affaire pour « recel et abus de confiance ».
Gagliardi fait parler un mort dont personne n'a plus à craindre de démenti. Mais l'UIMM se garde d'ouvrir ses archives, de publier ses comptes, d'étaler au grand jour son activité antiouvrière.