- Accueil
- Lutte ouvrière n°2086
- Rénovation des banlieues : Des promesses et du vent
Leur société
Rénovation des banlieues : Des promesses et du vent
En 2003, alors qu'il était ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo avait promis qu'en cinq ans il aurait remis à neuf les « 165 quartiers » les plus dégradés de France et que « 200 000 logements sociaux seront détruits et reconstruits ». Accumulant les promesses, le même Borloo annonçait en 2005 que ce seraient en fait « 539 quartiers » qui seraient rénovés et « 650 000 HLM » rebâtis ou réhabilités « d'ici à 2011 ».
L'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) devait fournir 12 milliards pour la réalisation de ce programme. Mais à la fin de juin 2008, soit près de cinq ans après le premier engagement de Borloo, l'État n'a toujours pas honoré ses promesses, l'Anru n'ayant versé que 8 % des crédits annoncés. Pire, l'Anru a revu son programme à la baisse : moins de démolitions-reconstructions, moins de réhabilitations, moins de subventions et, à la demande de Christine Boutin qui a succédé à Borloo, moins de quartiers visés. En réalité, l'Anru détruit aujourd'hui plus qu'elle ne reconstruit et ne reconstruit pas toujours à l'identique. Des F3 remplacent des F5 par exemple, les nouveaux loyers sont supérieurs aux anciens.
Vu le désengagement de l'État, certaines villes comme Vénissieux (dans le Rhône) ou Aulnay-sous-Bois (Seine Saint-Denis) devront attendre plusieurs années encore pour toucher les crédits. D'autres, comme Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), verront leurs subventions réduites et devront payer la différence.
Même si l'Anru continue à faire des promesses, en visant désormais « l'horizon 2015 » pour achever l'ensemble du programme de rénovation des banlieues, il est évident que l'État n'a pas la volonté d'y parvenir. Il n'a même pas prévu de rallonge financière pour faire face aux nouvelles contraintes techniques et écologiques qu'il a instaurées pour les nouveaux logements.
Avec la persistance du chômage de masse et le développement de la précarité, les banlieues continueront donc de s'enfoncer dans les difficultés. Et ce n'est pas la poudre au yeux des Borloo et autres Boutin qui les fera reculer.