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États-Unis : Dans la campagne présidentielle, barre à droite toute !
John McCain, le candidat républicain qui avait démarré la campagne des primaires en se présentant comme un républicain non conformiste prenant ses distances avec la politique menée par Bush, a eu tôt fait d'adopter un langage beaucoup plus traditionnel pour présenter une politique qui s'inscrirait dans la continuité de celle qui a été menée depuis huit ans.
Lui qui affirmait ne pas vouloir toucher au droit à l'interruption volontaire de grossesse, pour ne pas obliger de nombreuses femmes à recourir à « des opérations illégales et dangereuses », plaide maintenant pour l'abrogation de ce droit ! McCain s'adresse ainsi au noyau le plus réactionnaire de l'électorat républicain, les intégristes chrétiens, en tentant de faire oublier les quelques écarts qu'il avait pris. Lui qui prétendait « en toute conscience ne pouvoir soutenir des réductions d'impôts qui profitent pour l'essentiel aux plus fortunés d'entre nous au détriment des Américains moyens qui ont le plus besoin d'allégements fiscaux » soutient maintenant la poursuite de ces réductions d'impôts, de même que les cadeaux aux grandes entreprises, montrant ainsi patte blanche à la grande bourgeoisie.
Quant à Obama, à peine avait-il gagné la bataille des primaires démocrates, qu'il a commencé à changer lui aussi de langage. Il promettait de débuter le retrait des troupes américaines d'Irak dès son arrivée à la Maison Blanche et que « toutes nos brigades de combat seront parties en seize mois ». Maintenant il répète qu'il tiendrait compte des « faits sur le terrain », qu'il a « toujours dit que les conditions d'un retrait répondraient aux exigences de sécurité de nos soldats et à l'impératif de stabilité ». Il attend d'un prochain voyage en Irak que les responsables militaires lui donnent « plus d'informations » lui permettant « d'affiner sa politique ». Lui qui promettait une politique étrangère nouvelle fondée sur le dialogue, y compris avec l'Iran, déclare maintenant : « Si l'Iran continue de se comporter de manière préoccupante, nous renforcerons les pressions économiques et l'isolement politique ». C'est exactement la politique menée par Bush. De même, 24 heures après sa victoire dans les primaires démocrates, il se transformait en partisan inconditionnel d'Israël contre les Palestiniens. Et comme McCain, il n'hésite pas à décerner des louanges au régime d'Uribe alors que des milliers de paysans et de syndicalistes sont assassinés impunément en Colombie.
En ce qui concerne la politique économique, il ne faudra s'attendre à aucun changement car Obama propose lui aussi d'aider les entreprises, de leur consentir des réductions d'impôts et d'utiliser l'argent public pour sauver la mise des établissements financiers touchés par la crise.
Enfin, il est en faveur de l'extension de la peine de mort, pour une augmentation du soutien aux associations religieuses, pour des limitations au droit à l'avortement. Alors qu'il promettait de refuser la reconduction de la loi dite Patriot Act de 2000 qui restreignait les libertés individuelles sous prétexte de lutter contre le terrorisme, Obama vient de voter la possibilité d'étendre encore les écoutes téléphoniques des particuliers que demandait Bush.
Le changement de ton d'Obama a certainement surpris bien des gens, mais il montre que son sens des responsabilités va jusqu'à ne pas vouloir être élu à n'importe quel prix, et donc à éviter d'entretenir trop d'illusions dans l'électorat populaire, quitte à décevoir certains de ses partisans.