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Leur société
Sarkozy à France 3 : Pour l'Europe sociale , il dit non !
Lundi 30 juillet, Sarkozy était l'invité de la chaîne France 3 pour une " édition spéciale " du journal de 19 heures. Il s'agissait de marquer ainsi le début des six mois de présidence française de l'Union européenne.
Lui qui avait rêvé que cette présidence lui permettrait de redorer son blason se retrouve avec une Europe à nouveau en panne du fait du " non " des Irlandais. Un seul refus suffit à rendre caduc le traité de Lisbonne qui doit être ratifié, pour entrer en vigueur, par les 27 États-membres de l'Union européenne. Et pour ne rien arranger, le président polonais parle ne pas resigner un traité désormais caduc, réduisant ainsi à néant les tractations laborieuses qui avaient débouché sur celui-ci.
Sarkozy s'était présenté avec sa modestie coutumière comme le " sauveur de l'Europe ". Il ne lui restait plus qu'à admettre, en paroles, qu'" il faut changer profondément notre façon de faire l'Europe ". C'est que " ça ne va pas du tout, l'Europe inquiète et, peu à peu, nos concitoyens se demandent si finalement l'échelon national n'est pas mieux à même de les protéger que l'échelon européen ". C'est donc " qu'il y a eu une erreur dans la façon de construire l'Europe ".
Sarkozy ira donc en Irlande " pour tenter de comprendre ". Envisage-t-il de " faire revoter " les Irlandais récalcitrants ? " Je ne dirai pas comme ça, répond-il, nous donnerions l'impression de forcer la main. " Il ne le dira pas, mais ce n'est pas l'envie qui manque puisque, précise-t-il, sans nouveau traité, l'élargissement de l'Europe restera en panne ; ce qui revient à rejeter la responsabilité de la situation actuelle sur les électeurs qui ne votent pas comme les dirigeants européens souhaiteraient qu'ils votent. On a vu ici comment les parlementaires français ont pu voter le nouveau traité, piétinant du même coup l'opinion, inverse, exprimée par les électeurs lors du référendum sur le traité constitutionnel.
Sarkozy voudrait bien pouvoir mettre à son actif quelques mesures européennes qui seraient bien vues de l'opinion. Il a repris à son compte l'ancienne promesse de Chirac d'une TVA réduite à 5,5 % pour la restauration, qu'il voudrait étendre aux voitures ou aux maisons propres, aux CD et aux DVD. Or, jusqu'à présent, ses prédécesseurs se sont heurtés au refus de leurs partenaires européens, qui n'ont pas l'intention de baisser leurs propres taux de TVA. Et comme pour les décisions fiscales il faut l'unanimité, les chances d'aboutir à cette fiscalité réduite sont quasi nulles. Il en est de même d'une fiscalité réduite sur les carburants.
Le " président du pouvoir d'achat " fera-t-il du social une priorité de sa présidence européenne ? Il a répondu tout de go que cela restait une prérogative nationale. Seul le sort des grands groupes industriels et des banquiers reste la priorité de l'Union européenne. Quant au " social ", on sait comment les différents États nationaux s'en occupent. Sarkozy et son gouvernement n'ont pas attendu la présidence de l'Europe pour mettre tout en oeuvre afin de ramener en arrière les conditions d'existence des classes populaires de ce pays. Et, sur ce point, les différents gouvernements européens n'ont même pas besoin de se mettre d'accord.
Enfin, et malheureusement, c'est peut-être sur les mesures contre l'immigration qu'il trouvera un consensus. Sarkozy entend proposer un durcissement supplémentaire de l'arsenal juridique européen. Dans l'Europe de Schengen, il suffit qu'un État dise oui à la présence d'un immigré pour qu'il soit acceptable dans tous les pays, et Sarkozy veut donc amener ses partenaires à cadenasser encore plus la forteresse Europe.
Il y a suffisamment de réactionnaires, d'un bout à l'autre du continent, qui veulent faire de l'immigration le bouc émissaire de toutes les difficultés, pour que sur ce point le président de l'Union européenne pour six mois arrive à remporter des succès au petit pied... et donc à sa mesure.