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- Lutte ouvrière n°2083
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Île de la Réunion : Loi programme pour l'Outre-Mer... et surtout pour les patrons !
Visiblement atteint par l'agitation qui règne dans les sommets gouvernementaux, le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, Yves Jego, ne cesse de faire des allers-retours entre Paris et les DOM, en particulier l'île de la Réunion, et se dit prêt à se déplacer " autant de fois qu'il sera nécessaire " pour traiter les dossiers en suspens, qui tous concernent la " loi-programme pour l'Outre-Mer ". Jégo n'est d'ailleurs pas le seul à s'en soucier puisque tout ce que la Réunion compte de députés, de sénateurs, de conseillers généraux et régionaux, tous les membres du Comité économique et social, les représentants de l'ensemble " Réunion économique ", ainsi que les syndicats patronaux sont montés au créneau pour dénoncer le risque de voir les aides gouvernementales baisser par rapport à ce qu'offrait la précédente loi, dite loi Girardin. Et dans un bel élan unanime, ils ont tous signé le 9 juin dernier une même plate-forme adressée au secrétaire d'État, faisant état de leurs inquiétudes et de leurs doléances.
La loi Girardin garantissait déjà au patronat - car dans ces négociations il ne s'agit que des affaires patronales - une aide annuelle, sous forme de baisses de cotisations de 1,15 milliard d'euros. Eh bien, les jérémiades des politiciens de droite, de gauche et du patronat auront porté leurs fruits, puisque cette somme sera portée à 1,36 milliard d'euros. Jégo précisant même, au cas où il n'aurait pas bien été compris, que " l'État va consacrer (toutes aides confondues) 10 milliards d'euros dans les cinq prochaines années aux entreprises d'Outre-Mer ".
Bien sûr, pour faire bonne figure vis-à-vis des travailleurs et des chômeurs, le même secrétaire d'État a justifié ces aides en expliquant qu'il n'avait " pas cessé de penser... aux 26 000 Réunionnais qui attendent désespérément un logement social et aux 77 000 Réunionnais qui sont à la recherche d'un emploi " ! Pleurer sur le sort des plus pauvres pour que l'abondance arrose les plus riches, voilà ce qu'a vite appris ce récent sous-ministre.
Mais quelle garantie auraient les chômeurs de trouver un travail dans les secteurs dits prioritaires, si les patrons se voyaient totalement exonérés de cotisations sociales jusqu'à 1,6 fois le smic au lieu de 1,4 fois jusqu'à présent, comme cela est prévu ? Aucune évidemment.
Dans cette négociation, aucun représentant de la droite, bien sûr, ni de la gauche non plus n'est intervenu auprès du gouvernement et du patronat pour exiger des contreparties au niveau des emplois. Aucun d'entre eux ne s'est fait le porte-parole des dizaines de milliers de salariés obligés de se contenter du smic ou des chômeurs et des petits retraités obligés de survivre avec quelques euros par jour. Pour tous ces gens-là, leur Réunion se réduit à ceux qui " entreprennent ", c'est-à-dire au patronat vis-à-vis duquel ils ont une écoute exclusive.
Les travailleurs, les chômeurs, les petits retraités n'ont donc rien à attendre de toutes les discussions qui se mènent autour de la loi-programme pour l'Outre-Mer. Pour changer leur sort, ils ne pourront compter que sur leurs propres forces, leurs luttes et la crainte qu'ils pourront ensemble inspirer au patronat et au gouvernement.