- Accueil
- Lutte ouvrière n°2080
- Tarif des heures supplémentaires : Couac, ou mise en condition ?
Leur société
Tarif des heures supplémentaires : Couac, ou mise en condition ?
Dimanche 8 juin, le Journal du Dimanche écrivait que le gouvernement préparait une loi visant à ce que le tarif des heures supplémentaires soit discuté entreprise par entreprise, à la hausse comme à la baisse.
Le lendemain, le ministre du Travail et le Premier ministre démentaient, affirmant en choeur qu'il n'était pas question de changer le barème des heures supplémentaires, ni quant à leur seuil de déclenchement (la 36ème heure), ni quant à leur paiement (25 % en plus de l'heure normale).
Leurs dénégations sonnent d'autant plus faux que la situation actuelle n'est pas celle qu'ils décrivent. D'une part, dans une entreprise qui a annualisé le temps de travail, un ouvrier peut faire plus de 36 heures une semaine sans être payé en heures supplémentaires. D'autre part, bien des heures supplémentaires ne sont déjà majorées que de 10 % en vertu « d'accords » locaux ou de branche.
De plus, la politique du gouvernement, suivant en cela comme partout la volonté du patronat, est de donner toujours plus de place à la « négociation » entreprise par entreprise sur la durée du travail, son organisation et son prix. Évidemment, mais c'est étudié pour, cela revient à donner d'autant plus de pouvoir au patron que les travailleurs sont peu nombreux, dispersés ou inorganisés. L'éventuelle discussion du tarif des heures supplémentaires au niveau des entreprises ne serait que la poursuite de ce processus d'émiettement de la classe ouvrière.
Chérèque lui-même, le secrétaire de la CFDT, dit que c'est bien un projet du gouvernement, puisque le ministre a proposé aux organisations syndicales d'en discuter, et que ces dernières ont refusé.
Alors, ce « couac » gouvernemental n'en est peut-être pas un. Ce ne serait d'ailleurs pas la première fois qu'un député, un ministre ou Sarkozy lui-même sortent une énormité antiouvrière pour voir ce que ça donne, quitte à se démentir le lendemain... et à y revenir trois mois plus tard.
Aussi, la « fuite » en direction du Journal du Dimanche ressemble bien à une mise en condition de l'opinion publique, préparant un nouveau coup contre les travailleurs.