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Dans le monde
Palestine occupée : Les complicités dans le martyre d'un peuple
« On est arrivé au-delà du supportable. Pas d'électricité, pas de mazout, pas de gaz, pas de nourriture, pas d'eau potable, pas de salaire ; on n'a rien. C'est indescriptible. Et ni l'Europe ni les États arabes ne réagissent, comme si la bande de Gaza était déjà rayée de la carte. » C'est ainsi qu'un habitant de la ville décrit la situation qui y règne.
Ce n'est pas par méconnaissance de la situation que les pays occidentaux, et en l'occurrence ceux de l'Union européenne, ne réagissent pas. Leurs diplomates, leurs chargés de mission et tous leurs représentants qui se rendent dans la région décrivent une même réalité, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie.
Gaza manque de tout et, en ces journées d'été, chaudes, brûlantes même, le manque d'eau devient intolérable. Les familles sont obligées de guetter, parfois tard dans la nuit, les rares moments où l'eau parvient aux habitants. Boire un verre d'eau pure est devenu un privilège. L'eau disponible est souvent d'une couleur peu avenante et d'une odeur et d'un goût fétides. Et, une fois usée, ce peu d'eau est rejetée à la mer, si bien qu'en raison de ce déversement pollué il devient dangereux de se baigner et donc de se rafraîchir.
Plus de la moitié des enfants de Gaza âgés de moins de cinq ans sont sous-alimentés du fait du manque de nourriture lié au blocus imposé par le gouvernement israélien. La situation sanitaire est telle que de nombreux malades décèdent faute de soins. La mortalité infantile atteint 21 pour mille à Gaza, alors qu'elle n'est que de 4 pour mille en Israël.
En Cisjordanie, la situation, quoique différente du fait de l'occupation militaire, n'en est pas moins difficile. Aux dires d'un diplomate européen, « depuis la conférence d'Annapolis (novembre 2007), la colonisation s'accélère comme jamais. Les autorisations de construction dans les colonies de Cisjordanie ont été multipliées par dix. Pas seulement dans les blocs de colonies qu'Israël entend annexer, mais aussi au-delà du mur, dans ce que l'on appelle les avant-postes illégaux. L'architecture de séparation se met en place à un rythme accéléré. Elle se double d'une strangulation volontaire de l'économie palestinienne. Les gens n'arrivent plus à vivre. »
Le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU, qui scrute l'extension des colonies et des obstacles mis par Israël à la libre circulation des biens et des personnes, a constaté que les cinquante barrages dont Barak, le ministre travailliste de la Défense, avait annoncé la levée n'ont en fait jamais existé. Et fin mai, sur le petit territoire de la Cijordanie, il y avait toujours 607 check-points entravant les déplacements des Palestiniens.
Même l'ancien président des États-Unis Jimmy Carter a récemment déclaré que le blocus de la bande de Gaza « était l'un des plus grands crimes contre l'humanité au monde », sans que cela n'émeuve ni les autorités de son pays, ni celles de l'Union européenne. Car de leur côté c'est le silence ; un silence total qui équivaut à une consciente complicité à l'égard des gouvernants israéliens.
D'ailleurs, dans ce même registre, l'actuel candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine, Barak Obama, a été on ne peut plus clair. Dans un discours (électoral, il est vrai) prononcé mercredi 4 juin devant l'Aipac, l'équivalent américain du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, Obama n'a pas eu un mot sur les souffrances de la population palestinienne. Tout son discours était pour apporter son soutien indéfectible à Israël et à sa politique. Là où Bush se croit encore obligé de répéter qu'un accord israélo-palestinien doit être conclu avant la fin de son mandat, ce qui ne l'engage à rien, Obama, lui, n'a d'yeux que pour « les intérêts communs et les valeurs partagées » entre les États-Unis et Israël. Et pour conclure, Obama n'a pas manqué de glorifier « Jérusalem, la capitale d'Israël (qui) doit rester réunifiée », tournant ainsi le dos à une des principales revendications palestiniennes concernant la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale d'un futur État palestinien.
Finalement, Israël a des complicités à son image : celles d'États qui, pour leurs propres intérêts et ceux de leurs classes dominantes, mettent la planète en coupe réglée.