- Accueil
- Lutte ouvrière n°2079
- Un jugement d'un autre âge, avec la bénédiction du ministère !
Leur société
Un jugement d'un autre âge, avec la bénédiction du ministère !
" S'il y a eu erreur sur la personne ou sur les qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité du mariage ". C'est ce que dit l'article 180 du Code civil français. Et c'est en se fondant sur cet article que le tribunal de grande instance de Lille a annulé le mariage entre deux époux, au motif que la femme n'était plus vierge au soir de leurs épousailles.
On croit rêver et on en vient à se demander qui est le plus rétrograde, entre un mari à la mentalité d'un autre âge, furieux que sa femme ne soit pas sa chose, et un tribunal qui, doctement, n'hésite pas à conclure que la virginité est une " qualité essentielle " des femmes.
Au lendemain du jugement, Rachida Dati, la ministre de la Justice, a été une des seules à admettre celui-ci, argumentant que l'annulation était aussi " un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage. " Là aussi, on croit rêver devant un argument aussi tordu. Ce n'est pas la mariée qui a demandé l'annulation du mariage, mais son mari, même si elle dit aujourd'hui que c'était une décision commune. Et le jugement d'annulation a été rendu pour " mensonge sur sa virginité " et non parce qu'en effet mieux valait ne pas obliger la femme à continuer à vivre avec un tel mari ! Loin de " protéger " cette femme, le jugement l'a humiliée, proclamant du même coup l'inégalité entre les deux sexes car on ne voit pas comment une épousée pourrait apprécier dans les mêmes conditions la " virginité " de son mari !
Devant le tollé d'indignations soulevé par sa position, la ministre a fait marche arrière en demandant au procureur général de faire appel du jugement. C'est le moins qui puisse être fait pour que celui-ci ne devienne pas un modèle offrant à tous les mâles imbéciles imbus de leur supériorité présumée un encouragement supplémentaire à exercer leurs prérogatives archaïques et à les faire subir à leurs femmes, leurs soeurs et leurs filles.