Réunion de la FAO : Au banquet des affameurs05/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2079.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Réunion de la FAO : Au banquet des affameurs

La FAO, l'agence des Nations unies pour l'alimentation, est réunie à Rome depuis le 3 juin. Des dizaines de chefs d'État, les dirigeants de l'ONU et de la Banque mondiale ont fait le déplacement. La faim a commencé a engendrer des émeutes en Afrique, en Asie et dans la Caraïbe.

D'après la FAO, la famine menacerait immédiatement 100 millions de personnes, alors que la malnutrition en touche déjà plus de 800 millions. C'est la conséquence directe de l'augmentation du prix des aliments de base, qui les rend hors de portée des plus pauvres.

Le riz par exemple représente l'aliment essentiel de la moitié de l'humanité. Or son prix sur le marché mondial a augmenté de près de 70 % en un an. Celui du blé a augmenté dans les mêmes proportions. Le 29 mai, la FAO a estimé que les prix allaient rester élevés, a recommandé de mobiliser d'urgence l'aide humanitaire et avancé un certain nombre " d'explications " à cette hausse des prix : sécheresse, prix du pétrole, augmentation de la population mondiale, production de biocarburant, etc.

Le fait que le commerce mondial des aliments soit aux mains de quelques multinationales et l'objet de spéculations n'est même pas cité par la FAO. Pourtant les deux plus grosses sociétés de négoce de grains, Cargill et AMD, ont vu leurs bénéfices augmenter respectivement de 70 et 40 %. Les cargaisons de blé ou de riz qui font défaut à Haïti ou au Caire font les fortunes des courtiers et des spéculateurs. De la même manière, les engrais ont augmenté de 92 % en un an, en même temps que Potash Corporation, qui les fabrique, augmentait ses profits de 182 %.

La seule recommandation que la FAO et l'ONU imaginent aujourd'hui est de baisser les barrières douanières et les taxes sur les céréales. Mais si le Vietnam, par exemple, laissait le riz s'exporter librement, cela risquerait à coup sûr de conduire à la famine dans le pays, sans pour cela faire baisser nécessairement les prix sur le marché mondial.

En réalité, la FAO a été pendant des années l'instrument de l'impérialisme, en l'occurrence les trust mondiaux de l'agro-alimentaire, pour transformer l'agriculture des pays pauvres. C'est sous la pression de cet organisme que dans bien des pays pauvres a disparu ce qui restait d'agriculture vivrière après la colonisation, au profit d'une agriculture tournée vers l'exportation et le marché mondial. L'économie de ces pays est donc devenue encore plus tributaire des cours mondiaux, c'est-à-dire des grandes sociétés, tant pour la vente de leurs produits que pour l'achat de leur alimentation.

Pour ouvrir le terrain à Cargill, AMD, etc., la FAO savait ce qu'il fallait faire et bénéficiait de subventions. Maintenant le travail est fait, la FAO n'a plus d'argent - la part de l'aide au développement destinée à l'agriculture est passée de 17 à 3 % - et dit qu'il faudrait des secours humanitaires...

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