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Dans le monde
Madagascar : Pillages et exploitation
Madagascar, ce pays grand comme une fois et demie la France, possède dans son sous-sol des minerais de toutes sortes : chrome, graphite, fer, charbon, bauxite, ilménite (un oxyde de titane et de fer), nickel, or et pierres précieuses.
Depuis les premiers temps de la colonisation jusqu'à aujourd'hui, les pays riches, dont la France, ont commencé à piller ces richesses. Madagascar fait le bonheur du groupe Bolloré, du groupe Bourbon ou de la société Hermès qui y produit des articles de luxe en exploitant le travail d'ouvrières dont certaines ne sont payées que 1,5 euro par jour.
L'exploitation des gisements miniers ne représentant actuellement qu'à peine 4 % du produit intérieur brut malgache, le président Marc Ravalomanana, dans son Plan d'action Madagascar 2007-2012, dit vouloir accroître l'exploitation minière afin d'augmenter sur cette période le PIB d'au moins 10 % et prétend réduire ainsi la pauvreté de moitié d'ici 2015. Ce Plan d'action élaboré sous l'égide des Nations unies, de la Banque mondiale et de la Banque européenne n'est en fait rien d'autre qu'une mise à disposition des ressources malgaches au profit de quelques multinationales.
Deux importants projets devraient aboutir d'ici 2010. Le plus avancé est celui de Rio Tinto, un groupe anglo-australien qui, via sa filiale locale Qit Mineral Madagascar, s'intéresse à l'ilménite, dont on extrait le titane utilisé dans la métallurgie, les peintures, le papier ou encore les plastiques. L'exploitation de ce gisement par Qit Mineral Madagascar est prévue pour cinquante ans à raison de 750 000 tonnes d'ilménite par an, soit près de 10 % des besoins mondiaux actuels.
Dès que la mine sera en exploitation, le minerai sera acheminé par bateau dans une usine canadienne pour y être traité, ce qui a nécessité la construction d'un port pour un coût de 140 millions de dollars, dont 35 à la charge de l'État malgache.
L'autre projet est celui de l'extraction du nickel et du cobalt dans une mine située à 120 km à l'est de la capitale. Ce sera l'une des plus importantes mines à ciel ouvert d'Afrique. Elle sera propriété de l'entreprise canadienne Sherrit. Le mois dernier, cette société a annoncé qu'elle allait faire venir 5 000 travailleurs philippins, et peut-être plus, pour pallier une prétendue carence de la main-d'oeuvre locale qualifiée. " Les intéressés ne présentent pas les compétences requises ", a déclaré avec mépris un représentant d'une direction qui, de toute évidence, préfère des travailleurs, sinon plus compétents, du moins plus coupés du reste de la population malgache. Cette annonce a évidemment provoqué une forte indignation et la crainte chez certains représentants patronaux que, des troubles sociaux éclatant, ils en subissent eux aussi des contrecoups.
À Madagascar, près de 400 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, sans espoir pour la plupart d'entre eux d'avoir un emploi. Que dans ces conditions des travailleurs et des jeunes malgaches se sentent bafoués et humiliés, rien n'est plus normal ni plus juste. Leur colère n'a évidemment pas à se tourner contre les éventuels immigrants philippins, mais contre les seuls responsables de leur misère : les grandes sociétés qui n'ont aucun souci des populations, les États impérialistes qui les servent et les administrations locales qui, moyennant quelques faibles redevances, leur ouvrent les entrailles de leur terre.