Vendredi 30 mai et samedi 1er juin, l'usine Goodyear d'Amiens était complètement paralysée, avec un piquet de grève de deux cents personnes le matin. À l'appel de la CGT, de SUD, de la CFDT et de FO, la quasi-totalité des 1 300 ouvriers en grève protestaient ainsi contre l'annonce de la direction d'une baisse de la production et sa volonté de supprimer 442 postes.

C'est soit l'acceptation d'une réorganisation du travail, soit on s'oriente vers la fermeture, avait martelé la direction.

Cette réorganisation, que la direction espère toujours faire passer, se traduirait par le passage du travail actuellement en trois-huit, avec une équipe supplémentaire le week-end, à un système de quatre équipes où chacun ferait deux jours du matin, deux jours d'après-midi, deux nuits travaillées et 38 week-ends à l'usine dans l'année. Il n'y aurait plus de vie de famille possible et l'économie de l'équipe de week-end se traduirait par la suppression de 500 postes sur l'usine de Goodyear et sur celle de Dunlop qui la jouxte et appartient au même groupe.

Cette régression, les salariés des deux usines l'ont rejetée massivement lors d'un référendum organisé il y a quelques mois par la direction (75 % de Non dans les ateliers).

La direction avait annoncé qu'elle conditionnait l'existence de l'usine à l'acceptation de la réorganisation du travail, mais plusieurs usines qui étaient passées en quatre-huit, au Canada, au Texas et en Angleterre, ont récemment été fermées. Ces économies ont contribué à la réalisation d'un bénéfice net de 147 millions de dollars pour le premier trimestre 2008 ! Alors ça ne passe pas auprès des ouvriers.

Les patrons voulaient organiser un nouveau référendum dans les jours qui viennent. Inutile : cette grève massivement suivie par les ouvriers, la troisième en moins d'un an, a clairement indiqué leur sentiment et leur détermination.