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Leur société
Conseils pour devenir un bon ministre de l'Éducation nationale
L'article que nous reproduisons dans sa quasi-totalité ci-dessous, a été publié dans une rubrique " Pour sourire un peu ", dans un numéro d'août 1971 de Lutte Ouvrière.
Avec le même sourire nous ne pouvons que constater que nos conseils ont été suivis à la lettre !
1.- Avant toute chose, apprendre cette règle d'or : il n'est pas de meilleure réforme que celle qui ne coûte rien.
2.- Prendre en considération que tous les enseignants sont de dangereux agitateurs gauchistes en puissance. Ce n'est donc pas la peine d'augmenter leur nombre, ils font assez de mal comme ça.
(...)
4.- Les enfants de la Nation ne trouvent pas de place à l'école publique ? Mais que diable, qu'ils aillent à l'école de Dieu. Ne pas manquer de subventionner l'école privée, ça coûte moins cher que d'aménager l'école publique.
5.- Ne jamais oublier les principes républicains : l'école doit former les futurs citoyens. Les lycéens doivent donc être traités comme tels : s'ils contestent, ne jamais leur refuser le dialogue avec les matraques des forces de l'ordre : il n'est jamais trop tôt pour apprendre.
6.- Comme parents d'élèves, élèves et professeurs ont la regrettable manie de ne jamais être satisfaits, ne pas ménager la persuasion, et leur montrer que l'école change dans la continuité. À cet égard, lancer chaque année une réforme d'envergure qui soulèvera passions et querelles idéologiques inépuisables, mais qui ne devra rien coûter :
- Deux années sur trois : changer les dates de vacances et les programmes d'histoire (c'est très bon pour l'édition).
- Jusqu'à la fatidique année 1968, la troisième année était laissée, hélas, en jachère ! Mais le souffle révolutionnaire de Mai 68 aidant, Edgar Faure eut l'idée tout simplement géniale d'introduire la réforme de la NOTATION. Désormais, l'Éducation nationale peut pratiquer son assolement triennal de réformes : NOTATION, DATES DE VACANCES, PROGRAMMES D'HISTOIRE, puis les trois années suivantes, prendre dans l'autre sens pour revenir aux anciens systèmes. C'est inépuisable. Les différents modes de notation offrent un ultime avantage : faire reconnaître un ministre réformateur " de gauche " et un ministre réformateur " classique " :
Le premier a des faiblesses pour la poésie des lettres, le second préfère la rigueur des chiffres.
7.- Enfin, un ministre de l'Éducation nationale avisé doit toujours se poser en toute bonne conscience la question suivante : en dehors des notes, des programmes et des dates de vacances, quel problème peut-il donc y avoir à l'Éducation nationale, je vous le demande ?