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Leur société
Travailleurs sans papiers en lutte : Le gouvernement doit régulariser sans délai !
Depuis cinq semaines, des centaines de salariés sans papiers sont en grève pour réclamer leur régularisation. Le 20 mai, une deuxième vague de plusieurs centaines de grévistes s'est jointe au mouvement.
Sur les mille dossiers de demande de régularisation déposés fin avril par les sans-papiers, il n'y a eu selon la CGT et l'association Droits Devant que 70 régularisations avec titre de séjour d'un an renouvelable.
Hortefeux, méprisant les grévistes qui depuis un mois sont sans salaire, prétend qu'il n'y en aura guère plus. Il veut que ces travailleurs restent sans aucun droit, exploitables à merci, expulsables selon son bon vouloir !
Partout, les préfets jouent la montre et la division, comme à Paris où le dépôt collectif de mille dossiers par la Coordination 75 des sans-papiers a été refusé et où, pour le moment, aucun titre de séjour n'a été délivré.
Systématiquement, quand les préfets régularisent, ce n'est qu'une partie des grévistes d'une même entreprise qui le sont, alors que leurs dossiers sont souvent semblables. Ainsi, à la société BBF-Jardinage d'Ormoy dans l'Essonne, seuls douze travailleurs ont été régularisés sur les vingt grévistes ; donc la grève continue !
D'autres préfectures ne délivrent que des autorisations provisoires de séjour (APS) de trois mois à des travailleurs vivant pourtant en France depuis des années, des APS qui ne déboucheront pas automatiquement sur des titres de séjour, mais souvent sur des expulsions !
La plupart des dossiers des grévistes ayant été déposés dans les préfectures des départements où les sans-papiers travaillent plutôt que dans celles où ils habitent ( cela, afin d'éviter de communiquer leur adresse à la police), des préfets en prennent prétexte pour rejeter leurs demandes. Et à chaque convocation pour son dossier, le demandeur doit se faire accompagner par un militant, car des arrestations aux guichets ont lieu. À la préfecture des Hauts-de-Seine, une note de la Direction de la population et de la citoyenneté aux agents recevant les immigrés rappelle : " L'éloignement des étrangers en situation irrégulière est une mission prioritaire de notre service : nous avons en ce domaine une obligation de résultat. "
Maintenant, les patrons des entreprises occupées sont encouragés à demander l'expulsion des grévistes devant les tribunaux. C'est le cas pour le magasin d'alimentation Paris Store à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), pour le magasin Fabio Lucci de Paris (XIXe) et pour le patron des dix restaurants Chez Papa. Celui-ci, qui avait pourtant apporté son soutien public à ses trente salariés sans papiers, menace aujourd'hui de requérir leur expulsion de son établissement de la rue Lafayette à Paris Xe.
Malgré le refus de délivrer des papiers et les attaques du gouvernement, la plupart des grévistes tiennent bon pour obtenir la reconnaissance de leurs droits. Le mouvement de grève s'étend à de nouvelles entreprises. À l'établissement Sofrabrick de Gonesse (Val-d'Oise ), soixante sans-papiers, sur 102 salariés, sont en grève avec occupation. Et depuis mardi 20 mai, selon la CGT et Droits devant, 321 autres salariés sans papiers ont entamé une deuxième vague de grève dans 23 nouvelles entreprises d'Ile-de-France, dont certaines sur la vitrine touristique de Paris, aux Champs-Élysées.
Demain, des milliers d'autres travailleurs sans papiers, souvent isolés dans leur travail, sortiront peut-être aussi au grand jour pour réclamer et obtenir une régularisation généralisée ; on les voit déjà dans les manifestations. Lutte Ouvrière est entièrement solidaire de la lutte de ces salariés et appelle tous les travailleurs à les soutenir pour faire reculer le gouvernement.