Sarkozy et le service minimum : Où sont les fauteurs de grève ?21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy et le service minimum : Où sont les fauteurs de grève ?

La seule chose qu'ait trouvé à dire Sarkozy, au soir de la grève réussie du 15 mai, a été d'annoncer non pas un quelconque recul sur les suppressions de postes et leurs conséquences pour une grande partie de la population, mais qu'une loi allait être votée " avant l'été " afin d'obliger les " professeurs grévistes à se faire connaître 48 heures à l'avance ", et ce sous peine de sanctions disciplinaires.

La nouvelle loi reprendrait également le fumeux " service minimum d'accueil " auquel serait tenue toute commune disposant d'une école primaire, par exemple en engageant des agents communaux. Rémunérés grâce au salaire non versé aux grévistes, ils garderaient les enfants pendant la grève des enseignants et personnels éducatifs.

La nouvelle sortie du locataire de l'Élysée sonne tout d'abord comme une véritable provocation à l'égard des centaines de milliers d'enseignants grévistes, des manifestants, élèves et parents qui étaient en droit d'attendre une réponse. Celle-ci se traduit par la volonté de restreindre un droit fondamental, le droit de grève.

Il adresse, au passage, un signal à tous ses ministres, sous-ministres, députés de sa majorité, et surtout à la partie de son électorat qui attend toujours de lui la réalisation des prétendues " réformes ". Qu'on se le dise : Sarkozy ne cède pas. Bon pied, bon oeil malgré les sondages, il maintient le cap du démantèlement des services publics, Éducation nationale comprise.

Usant largement de démagogie, Sarkozy tente de faire croire qu'il s'agit d'un service rendu aux parents " qui n'ont pas les moyens de faire garder leurs enfants les jours de grève " et pourraient même " recourir aux tribunaux en cas de non-respect de ce droit ". De qui se moque-t-il ? En proposant à la va-vite des sortes de garderies mal ficelées, qui n'ont aucun rapport avec l'enseignement dû aux enfants, croit-il parvenir à dissimuler certains des défauts récurrents de l'Éducation nationale, des non-remplacements de maîtres absents aux nominations tardives de professeurs, même dans une matière d'examen, ou au nombre insuffisant d'enseignants remplaçants, en primaire comme en collège ou en lycée ? Croit-il que les parents ignorent qu'à 25 ou 28 dans une classe de maternelle, avec une seule institutrice, des enfants de langues multiples ne peuvent être éveillés et instruits de façon optimale ? N'y a-t-il pas là matière à " recourir aux tribunaux " pour non-respect du droit à un enseignement de qualité ?

Le problème de l'école, ce ne sont pas les grèves, mais bien la politique menée par le gouvernement et qui les provoque.

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