Une véritable campagne gouvernementale et médiatique fait des 35 heures un bouc émissaire responsable de tous les maux : la croissance faible, le chômage, les bas salaires, la pauvreté, etc. Mais les mensonges grossiers, répétés jusqu'à la nausée, ne deviennent des vérités que pour la droite la plus bête du monde, qui méprise les travailleurs et ignore tout de leur vie.

D'abord, la durée légale du travail à 35 heures ne fait que définir l'horaire au-delà duquel les heures travaillées doivent être payées en heures supplémentaires. Et ce ne sont pas les majorations prévues qui ont pu ruiner les patrons, d'autant que le gouvernement Jospin avait décidé de très importantes exonérations de cotisations sociales pour la mise en place des 35 heures, exonérations que Sarkozy a encore étendues, au point que les patrons ne payent plus aucune cotisation sur les heures supplémentaires. Et puis les patrons ont déjà tout loisir de faire faire énormément d'heures à leurs salariés puisque la droite a porté de 130 à 180 puis 220 le contingent d'heures supplémentaires autorisé par an et par salarié. En 2008, il y a des travailleurs qui font encore des semaines de 40, 45, 50 heures et plus, bien que la loi interdise plus de 48 heures par semaine. Et qui plus est, plus de la moitié des patrons ne payent pas les heures supplémentaires au taux légal et trop souvent ne les payent pas du tout !

De fait, la durée effective du travail est bien supérieure à la durée légale. Selon Eurostat, l'office des statistiques des communautés européennes, la durée effective du travail en France en 2006 était de 38 heures, plus qu'en Grande-Bretagne, plus qu'en Allemagne, plus que la moyenne des 27 pays de l'Union Européenne (37,9) ! On peut même constater que ce sont les pays les plus industrialisés et les plus riches économiquement dont le temps de travail effectif est le plus faible. C'est dans les pays d'Europe de l'Est et en Grèce que l'on travaille le plus, ce qui n'en fait pas des pays plus riches ni des pays où les travailleurs ont un meilleur niveau de vie.

Il est révoltant d'entendre les bons apôtres prêcher aux travailleurs de travailler plus pour pouvoir vivre un peu mieux. D'autant plus que, pendant que certains se crèvent au travail, il y a tous ceux qui n'ont pas de travail du tout. Alors la priorité c'est que chacun puisse avoir un travail et que tous les salaires et pensions soient augmentés.

Au 21e siècle, 70 ans après 1936, après que la vague gréviste a imposé les 40 heures, on ose nous dire que travailler 35 heures serait une catastrophe économique ! Mais, depuis, la productivité du travail humain a décuplé et permettrait de travailler encore beaucoup moins que cela en gagnant bien sa vie, si le patronat n'accaparait pas une part croissante des richesses produites en poussant dans la misère ceux qui les produisent.

La campagne de mensonges éhontés qu'on nous sert à propos des 35 heures prouve simplement que le patronat, insatiable, veut encore aggraver l'exploitation des travailleurs, les obliger à produire, jusqu'à l'épuisement, des richesses dont ils ne profiteront pas. Comme les désirs du patronat sont des ordres pour le gouvernement, celui-ci déverse ses propos démagogiques destinés à faire avaler une nouvelle attaque en règle contre les quelques droits qui restent aux travailleurs.