Lundi 19 mai, les travailleurs de l'entreprise pharmaceutique AstraZeneca de Dunkerque se sont mis en grève, à l'appel de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO, contre le plan des patrons de supprimer en mai 2009 entre 150 et 200 emplois sur les six cents que compte l'usine. L'intersyndicale demande comme prime de départ un minimum de 30 mois de salaire, calculé sur une base annuelle, et une augmentation de cent euros pour tous.

Pour justifier les suppressions d'emplois, AstraZeneca invoque l'accord passé avec le fabricant de génériques Ranbaxy pour fabriquer, dès l'an prochain, en Inde le Nexium, un médicament contre les ulcères de l'estomac.

Ce n'est évidemment qu'un prétexte, quand on voit les profits faits par AstraZeneca à Dunkerque, et cela dès l'établissement de l'usine en 1991 en " zone d'entreprises ". Pour la seule année 1994, elle avait ainsi réalisé, selon un rapport officiel, 4 millions de francs (plus de 600 000 euros ) d'économies d'impôt par emploi créé, reportant tous les bénéfices faits en France sur l'usine de Dunkerque qui en était exemptée pour dix ans !

Formellement, en 2007, l'usine n'a fait qu'un million d'euros de profit pour un milliard de chiffre d'affaires. Mais elle a versé aux actionnaires 792 millions d'euros comme droit d'exploiter le Nexum et le Budésonide (pour soigner l'asthme), soit 1,3 million d'euros par salarié ! En un an, le chiffre d'affaires et les revenus des actionnaires ont progressé de 30 %, mais pour les salariés, l'ensemble intéressement et participation a reculé de 2 000 euros en moyenne. Et cela alors qu'il y a des salaires ne dépassant pas 1 400-1 500 euros mensuels.

Dans une région comme Dunkerque où le chômage est très important, l'emploi compte avant tout. Et AstraZeneca a tous les moyens financiers d'assurer tous les emplois en prenant sur ses gigantesques profits.